Série L'Enjeu - Partie 2 : Le Gagnant Remporte Tout (X/G)
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Série L'Enjeu - Partie 2 : Le Gagnant Remporte Tout (X/G)
LE GAGNANT REMPORTE TOUT
The Winner Takes It All
L'Enjeu: Tome II
Auteur : Athena
Date de création : novembre 2010
The Winner Takes It All
L'Enjeu: Tome II
Auteur : Athena
Date de création : novembre 2010
Avertissement : rien ne m’appartient sinon le déploiement d’imagination et l’inspiration que j’ai su trouver ici et là. D'aucuns pourront par contre y trouver certaines ressemblances et même carrément certains personnages que vous connaissez et aimez bien et qui, eux, appartiennent à PacRen et aux Studios Universal. Enfin bref, cette histoire est du genre "Pas tout à fait UBER". Elle est classée ALT avec tout ce que cela sous-entend ;O) !
Ceci est la suite de : L’Amour est un Oiseau Rebelle – mieux vaut l’avoir lu au préalable car l’action reprend tout juste après le dernier chapitre du tome I et vous risquez de ne rien comprendre de l’intrigue principale.
NB: Présence de: Sexe. Violence. Langage de conducteur de charrette. tout ça quoi...
Bonne lecture…
***
Chapitre I
Electric Blue Eyes
Electric blue eyes where did you come from
Electric blue eyes who sent you
Electric blue eyes always be near me
Electric blue eyes I need you
Domina adjuva me
Wish you'd go
Wish you'd know I am out here
If you should go you shoud know I am here
Always be near me guardian angel
Always be near me, there's no fear
Domina adjuva me
Cranberries
Écouter: Electric Blue Eyes
***
La première chose que vit Xena fut deux yeux de feu, puis d’autres, plein d’autres. Une horde d’énormes chevaux de métal multicolore aux yeux de feux qui fonçait droit sur elle. Elle allait être piétinée si elle ne faisait rien. S’élançant dans les airs elle poussa son cri de guerre et atterrit proprement, non pas sur un cheval, mais un bolide de métal.
Le bruit de ses bottes quand elles s’enfoncèrent sur la plaque métallique rouge résonna sinistrement. La chose s’arrêta dans un crissement, mais elle réussit à garder l’équilibre.
Juchée sur le bolide, elle avait une vue prenante.
Cet endroit devait être le dernier niveau des neuf enfers du Tartare. Des lumières aveuglantes, une cacophonie à rendre fou, des allées bondées de chaque côté de la voie principal où des hommes et des femmes vêtues bizarrement allaient en tous sens. Puis des structures de béton hautes comme le ciel ambré où se perdaient leurs sommets. Il faisait froid aussi. Des nuages blancs opaques s’échappaient de sa bouche et son nez à chacune de ses expirations. Comme pour se moquer d’elle, des flocons se mirent à tomber juste au moment où elle levait la tête au ciel.
Un bruit infernal, des crissements grotesques, d’horrible grincements causé par des collisions métalliques et des froissements de tôles, des sons aigus et stridulent provenant des bolides, un tohu-bohu de bruits insolites à son oreille, des cris mécontents et d’autre paniqués. Des injures et des jurons à foison.
Elle aperçut, un peu plus loin un éclair bleu sur l’allée de droite. C’était sa proie.
Cette dernière portait une épée dans un fourreau lacé accrochée à son dos et Alexena au creux du bras gauche. Elle fendait le vent telle une flèche et les gens se retournaient sur son passage, incertains de ce qu’ils venaient de voir.
Un peu plus loin une masse humaine sur l’allée allait faire office de barrage.
Xena décrocha son chakram et le lança de toutes ses forces. Elle visait pour tuer et la tête de la femme en bleu était sa cible.
VOUISSHHHH-CLING-CLANG-CLANG-cling-vouissshh-cling-viussshhh-visshhhh-cling-cling…
La femme dégaina son épée pour tenter de se dégager un chemin dans la foule, mais n’y parvint pas très bien. Ne voulant pas perdre plus de temps, elle poussa sur ses jambes et s’envola gracieusement pour atterrir sur l’un des bolides. Elle poursuivit sa course tel un guépard blond en bondissant.
Dans son champ de vision, Xena, toujours immobile, debout à sa pleine hauteur sur le bolide rouge, vit Thalestris se matérialiser sur le bas côté droit, trois amazones apparurent un battement de cœur après. Devant le char métallique qui les chargea, les amazones se propulsèrent d’un même mouvement vers l’allée sur leur droite pour l’éviter. Puis Arès se matérialisa, il eut moins de chance. Un des bolides lui entra droit dedans, de plein fouet et il fit un vol plané. Un son de métal et des crissements s’ensuivirent, puis, les bolides s’emboîtèrent l’un dans l’autre, et cela aussi loin que portait son regard, dans un capharnaüm chimérique toute la cohorte s’arrêta, paralysée, incapable d’avancer.
Xena s’élança.
TWONG-TWONK-CLONK-TWONG-CLONG-CLANG-TWONK-CLING-TWONG-CLANG…
Elle bondit de bolide en bolide en se propulsant portée par des ailes invisible. Ombre noire, sur ciel de bronze où voletait de duveteux flocons.
La femme entendit le sifflement du chakram qui venait sur elle et l’évita en se penchant.
Cette femme avait eut de la chance se dit Xena en ne s’avouant pas tout à fait que ce n’était pas simplement de la chance mais de la vitesse. Cette femme était vraiment rapide. Elle poursuivit sa course sur les bolides.
Beep-beeeeeeeep-TWONK-Clonk-twonk--beepbeep-Clang-clong-twonk…beep-meupppppppp-beeep-SALE-PUTE---Pétasse!!-beep-Clang-clang…
Tirant son épée au clair, Xena la fit tournoyer pour bien la caler dans la paume de sa main et poussa son cri de guerre.
AYAYAAAAYyayyayayyayyayyyayyariiiiiiiiiiiiiiiayayyyayya!
cling-cling- viussshhh-visshhhh-cling-vouissshh-cling-CLANG-CLANG-CLING- VOUISSHHHH-TAK
Elle attrapa son chakram, qui venait de revenir, avec un mouvement circulaire du bras, sans arrêter sa course.
***
L’espace de quelques secondes, je pris conscience que j’étais de nouveau un être de chair et de sang. Des fourmis grouillaient dans tout mon corps et le changement brusque de température fut aussi brutal qu’un coup de fouet. Le vent froid s’infiltra sous ma courte jupe blanche et je frissonnais, heureuse de porter les bottes que Xena m’avait offertes, plutôt que les sandales que j’avais prévu mettre. Des nuées de vapeur s’échappaient de mon nez et ma bouche à chacune de mes expirations.
La neige tombait duveteuse, un lent ballet, féerique et magique tout à la fois, mais là s’arrêta la magie du moment.
De tous côtés vint des cris rageurs, des klaxons de voitures, des bruits de tôles froissées, d’autres cris, angoissés ceux-là, des injures épouvantables. À toute les fois que le mot ‘pute’ parvenais à mes oreilles, j’entrais un peu la tête dans les épaules en clignant des yeux, par pur réflexe. Les petites plaques de rue sur le poteau me confirmèrent que je me tenais sur la 5ième avenue tout près de l’intersection St-James.
Nous étions de retour chez-moi, à Seattle.
Et c’était le plus pur des chaos.
Mon cerveau, en quelques secondes enregistra tout ce que mes yeux et mes oreilles captaient. C’est fou parfois quand on y pense, quelques secondes et hop! Des millions d’informations!
J’avisais d’abord à environ trois mètres, sur le trottoir à ma droite, Clio, Eponin et Éphiny qui avaient toute les misères du monde à contenir une Thalestris en furie. Puis mes yeux bifurquèrent vers la gauche où des cris alarmés me provinrent. Arès étendu sur le pavé, en plein milieu de la rue, gisait inconscient. Au loin, le son des sirènes stridulantes retentissaient, probablement les ambulances; car il n’y avait pas qu’Arès de blessé. Un homme gueulait comme un con en levant le poing vers le ciel. Un autre avait une coupure au front et se tenait la tête. Un autre avait le nez cassé et pissait le sang. Et un autre encore se tenait le bras en vociférant dans son cellulaire. «Passez-moi mon assureur!!» Une pause puis. «Vas te faire foutre salope!» Mais cette bribe se perdit parmi plusieurs autres.
Des conversations éparses.
«Mais qu’est ce que…»
«Vous l’avez vu? Vous l’avez vu?»
«Ma voiture!!!! NON!!! Ma putain de voiture!!!»
Une cacophonie démente, une mélopée tonitruante et insolite. Une musique qui détonait avec la féerie de cette première neige.
«Elle a une épée!!! Une ÉPÉE, mon vieux! Pas un revolver, une ÉPÉE!!!!»
Mon cœur manqua un battement, et je clignais une fois de plus des yeux. Xena! Mon rythme cardiaque accéléra et des poussée d’adrénaline causé par l’idée qu’il lui soit arrivée quelque chose de grave me fit déglutir durement. Et toujours ces petits nuages opaques qui s’échappaient de ma bouche et mon nez en suivant mes expirations.
Mon cœur manqua un autre battement.
Et je la vis et l’entendit aussi.
TWONK-TANG-CLONK-TWONK-Clonk-clang-twonk-cling-twonk-clank-clang-clong
À chaque enjambée qu’elle accomplissait en se propulsant sur de longues jambes que l’on aurait dites d’acier, elle enfonçait un capot, un toit, un autre capot et ainsi de suite. Capot, capot, toit, capot, toit, toit, capot, capot. Elle courait sur les voitures, bondissant de l’une à l’autre, épée tiré au clair en poussant des cris de guerre. On aurait dit un Godzilla lâché dans le centre ville de Seattle.
AYAYAAAAYyayyayayyayyayyyayyariiiiiiiiiiiiiiiayayyyayya!
BEEP-BEEEEEEEP-TWONK-Clonk-twonk--beepbeep-Clang-clong-twonk…beep-meupp-beeep!
Et en trame de fond, tandis que je continuais à la suivre des yeux sidérée; «LÂCHEZ-MOI Bande de filles de BACCHANTES! Maudites Sœurs de la NUIT! Voulez-vous bien me LÂCHEZ!!! RWARRRRRRRRRRRRRRRRRRRA!! Je vais vous TUER!! Lâchez-moi!!!!!!!! SALES PUTES!!!!!!!!!!! J’VAIS avoir votre PEAU!!!! CLIO! CLIO!!!!!! LÂCHES-MOI TOUT DE SUITE TOI!!!! TOUT DE SUITE!!!! J’VAIS te BOTTER les fessssessss si fort la tiGRESSE que TU ME suppliras de mettre FIN à ta misérable VIE!!!!! ET TU souhaiteras que ta mère n’ait JAMAIS rencontrer ton PÈRE!!!!!!! ALEXENA!!!!!! MA FILLE!!!! AHHHHHHHHRRR! Allez-vous me LÂCHEZ!!!!!»
Elle hurlait à s’en faire exploser les poumons. En crachant sa rage comme des volées de flèches. Sa fureur était palpable. Ses yeux lançaient des salves d’éclairs. Elle tenait toujours sa lance, la tête de serpent noir bien visible sur sa main.
«C’EST UN ORRRRRRDREEEEEEEE!»
Un disque métallique rebondissait sur le béton, d’immeuble en immeuble, en produisant de petites flammèches à chaque impact, tout en revenant vers Xena.
visshhhh- viussshhh- cling-vissshh-cling-CLANG-CLANG-CLING-VISSHHHH-TAK
Xena, dont la silhouette s’éloignait de plus en plus, l’attrapa au vol d’un mouvement spectaculaire. C’était ce truc rond qu’elle appelait ‘chakram’. J’avoue très sincèrement que j’avais pensé que ce ‘chakram’ était inoffensif, un peu comme un jouet, un boomerang en quelque sorte, mais en le voyant en action, je me rétractais de facto. Ce truc était dangereux.
Thalestris réussit à se dégager ou alors les amazones venaient de la lâcher, car un puissant rugissement s’éleva au-dessus du tumulte. Les passants, tout près, qui avaient pris racine ici et là pour regarder la scène, se retournèrent ahurit.
Elle détala, comme un fauve sur le trottoir dans la même direction qu’allait Xena.
TEUFFF-PAF-AÏE-TEUF-ROARRRRRRRRRR-OH monDIEU—au secours!--TAK-tak-SHIshhhh Ahhhhhh-zavez-vu-ça-Rawrrr!AAhhhhhhhhhh!SalePut—Tak-arfffff-teuffffff-spak-tchak…
Des cris outrés et de frayeur aussi, retentissaient à son passage et elle déboula telle une boule de bowling en renversant tout ce qui se trouvait sur sa route à l’aide de son corps qu’elle utilisait comme un tank. De temps à autres, quand la masse humaine était trop dense et menaçait de lui faire perdre un temps précieux, elle s’aidait de sa lance pour se propulser dans les airs au-dessus des têtes; on aurait dit un chat volant. À chacun de ses vertigineux sauts, ses cheveux cuivrés flottaient tout autour de sa tête telle une crinière. Elle se contorsionnait et retombait sur ses quatre ‘pattes’, sauf que se n’était pas des pattes mais bien des mains et des pieds.
C’était impressionnant. Même, les trois amazones à mes côtés s’exclamaient par des ‘oh’ et des ‘ah’ ravit.
Les invectives fusaient de toute part.
Tout au loin, devant Xena, une femme aux courts cheveux blonds vêtue d’une tunique bleue, courait également sur les voitures, aussi légère que le vent, me sembla-t-il. D’une main, elle tenait une épée et niché dans le creux de son autre bras, un poupon. Alexena.
Et la neige tombait lentement dans un ciel rendu topaze par la réflexion sur les nuages des lumières de la ville.
Je les vis disparaître à l’angle de la 5ième avenue et Cherry, quand elles sautèrent tour à tour à bas des voitures, Xena refermait lentement son avance sur l’inconnue qui s’enfuyait avec la petite Alexena.
Thalestris poursuivait sa course dans la même direction sur le trottoir tel un fauve.
Clignant des yeux, je tournais mon regard vers la rue. Un carambolage monstre créait un embouteillage extraordinaire. Arès était toujours inconscient sur le pavé. Les sirènes se rapprochaient. Un autre clignement et mes yeux se portèrent sur sa chevalière et sur l’émeraude qui y était enchâssée, me faisant réaliser que je j’avais toujours l’autre moitié dans les mains. Je la fourrais rapidement dans mon bustier. Maintenant, il me fallait cette chevalière, tournant les talons j’effectuais un mouvement dans sa direction, mais une main ferme attrapa le dos de mon bustier.
«Pas si vite!» Grogna la petite blonde que l’on appelait Éphiny et je me retournais pour lui faire face.
Les sirènes étaient tout près maintenant.
«Rrreinne Gaabriellle…» Commença-t-elle impolie en me jaugeant. Le regard remplit de suspicions.
Je tournais la tête d’un côté et de l’autre comme dans un rêve où tout nous échappe. La 5ième avenue ressemblait à un champ de bataille. La neige tombait toujours en un rythme lent et les nuées s’échappaient sans fin de ma bouche et mon nez quand je relâchais l’air de mes poumons.
«C’est quoi cet enfer? On est au Tartare?» S’écria Eponin derrière.
Je clignais des yeux et les posais sur Éphiny. Ses prunelles noisette me dévisageaient toujours. «Qu’est-ce qui nous arrives? Où sommes-nous?»
Tout ce qui occupait mon esprit était la chevalière, et Xena, tentant de me retourner vers la rue, Éphiny attrapa cette fois le devant de mon bustier en me clouant sur place. Une poigne de fer.
«Lâches-moi!» Soufflais-je affolée. Je voulais cette chevalière.
«Non.» Elle plissa le nez. «Pas avant que tu répondes à quelques questions. Clio t’as vu embrasser la Destructrice, c’est vrai?»
«QUELQU’UN CONNAIS CET HOMME?» Crièrent les ambulanciers qui chargeait Arès sur une civière, une fois de plus je voulu bouger, mais rien n’y fit, Éphiny était un roc, et me tenait bien fermement. Je criais quelques ‘oui’, mais ils se perdirent dans le tumulte.
«… il n’a pas de papiers…»
«… dégagé y’a rien à voir...»
«… allez, on le charge…»
***
Xena vit la femme sauter en bas des bolides et prendre l’allée pour disparaître à un carrefour.
Sa proie était vraiment rapide.
Cependant elle réduisait la distance, de foulée en foulée, entre elle et son gibier. Qui pouvait bien être cette maudite femme. Se demanda-t-elle, sa colère avait atteint son paroxysme.
Elle entendit le cri distinctif de Thalestris qui se rapprochait. Le Lion avait été lâché. Xena ralentit un moment et sourit. Elle sauta en bas de son bolide et reprit sa traque en tournant au carrefour sur les traces de sa proie.
Beaucoup plus loin, la femme s’arrêta et se retourna vers elle pour l’attendre. Une beauté aux yeux bleus acier, un visage d’ange encadré par de courts cheveux de miel.
Un affrontement se profilait et cela lui fit bouillir les sangs. Elle allait l’écraser sous sa botte et elle prendrait bien son temps pour la faire souffrir.
Elle vit Thalestris tourner le coin, sa lance bien en main. Elle aussi vit la femme en bleue qui tenait sa petite fille dans le creux de son bras gauche.
Un ‘AYIAHAHHAHA’ et un ‘RAWRRRRRRRRR’ sonore s’entremêlèrent à l’unisson.
***
La femme en bleue, décida de stopper pour faire face à sa poursuivante. Elle savait qui elle était, mais n’avait pas peur d’elle. La lumière l’aiderait à vaincre, elle ferma un instant les yeux en inspirant pour calmer sa respiration et son rythme cardiaque ralentit.
Xena venait. Le Dragon Grec voulait l’Élue elle aussi apparemment. Elle ne la lui céderait pas.
Jamais.
Au même instant dans son champ de vision elle vit apparaître le Lion du Thémiscyre.
La donne venait de changer. Bien sûr elle n’avait pas peur, mais affronter le Lion et le Dragon à la fois était peut-être une mauvaise idée, surtout avec l’Élue dans les bras. Non, mieux valait fuir. Il serait toujours temps de combattre plus tard, quand le moment serait venu.
Elle dénoua sa cape rapidement. Avec dextérité, elle en fit un harnais en emmaillotant l’enfant pour le protéger du froid. La petite fille, la regardait, tranquille pas le moins du monde agitée. «Brave fille.» Elle l’attacha solidement dans son dos et s’élança dans l’allée avec l’intention de se perdre dans la foule. La confusion qui régnait partout où elle posait les yeux serait son alliée.
***
Xena, la vit nouer sa cape dans son dos et comprit qu’elle était sur le point de fuir à nouveau. Déjà que l’affronter, elle, relevait de l’exploit, l’arrivée de Thalestris devait l’avoir fait changer d’idée et la femme devait avoir comprit que ce serait impossible d’affronter les deux à la fois.
Xena poussa son cri de guerre, tandis que Thalestris la rattrapait en poussant son rugissement. Elles virent la femme se faufiler dans la foule.
Un son effroyable se fit entendre et une lumière les aveugla un moment. Un oiseau des enfers volait haut dans les airs. Il illuminait les environ avec une lumière aussi puissante qu’un soleil. Il cherchait quelque chose.
CHOP-CHOP-CHOP-CHOP
La lumière fut braquée sur elles. Et cette lumière se mit à les poursuivre. Xena lança de nouveau son chakram en déployant une force colossale. Un –cling-clang- lui parvint. L’oiseau vacilla et la lumière aussi, puis il s’envola dans les cieux et la lumière disparut avec lui.
Cette distraction avait été suffisante pour permettre à la femme en bleu de se fondre dans la foule et disparaître.
Paniquée, elle et Thalestris tournèrent en rond pour tenter de l’apercevoir, mais avec la multitude de gens qu’il y avait dans la voie principale et sur l’allée ce fut vain.
Elles l’avaient perdu.
Thalestris se jeta dans les bras de Xena.
«NON!!!!!!NONNON!!!!non…»
Xena la serra.
«ahhhhhhhh nonnnn, Xena… non…»
«shhh… shhhhhh..» Lui souffla Xena en la serrant plus fort.
«MON bébé!!!!!! Ma petite fille!!» Un cri déchirant. «Notre bébé Xena…»
«On va la retrouver… shhhh» Elle refoula des larmes tout en serrant Thalestris. «On va la retrouver…»
Xena avisa la longue vitre transparente à ses côtés. Illuminée par des lumières bizarroïdes elle vit des manteaux en étalage. Un long manteau de cuir noir qui lui irait parfaitement et un court manteau rouge éclatant avec une capuche aux rebords de fourrure tout aussi rouge. Ça serait parfait. Elle lâcha Thalestris et fit voler la vitre en éclat avec le pommeau de son épée. Un son strident lui arracha les tympans, mais elle s’empara des deux manteaux en lançant son escarcelle sur l’étalage. Elle mit le rouge sur les épaules de l’amazone qui tremblait de tous ses membres et enfila l’autre. C’était parfait.
«Hey!!!! Hey!!!! Vous ne pouvez pas faire ça!!!!» Un homme arriva en courant à leur hauteur. «Sale Voleuse!»
‘Swoooshhhhh-swoooooosh’
Mais Thalestris fut plus rapide et lui assena un violent coup avec la hampe de sa lance, ce dernier vola dans les airs et retomba sur le dos, bien à plat sur l’étalage inconscient.
Il y avait bien des gens qui passaient en faisant de grands détours, mais personne ne les approcha de nouveau. Ils se mêlaient de leurs affaires. C’était parfait.
«Viens.» Dit Xena à l’attention la Reine du clan des Sœurs du Serpent. «Allons rejoindre les autres.»
***
«Réponds!» Cria Éphiny par-dessus le tumulte.
Je tentais de me dégager encore une fois. «Hep-hep-hep… non, non, non… n’y pense même pas…» Ronchonna Éphiny.
D’autres sirènes criaient au loin.
«Chuis pas une traître, et vous n’êtes pas au Tartare…» Hurlais-je. «Lâches-moi!»
«Tu ne…» Elle s’arrêta quand Eponin lui donna un coup sur l’épaule. Elle fixait quelque chose au loin sur le trottoir, la bouche ouverte, Clio semblait en état de choc et regardait dans la même direction.
Doucement la poigne d’Éphiny se relâcha et je fus libre, mais l’ambulance ficha le camp avec Arès à son bord et ma chance de lui ravir l’émeraude. Ça aurait été trop beau. Frustrée je tournais mon regard dans la même direction qu’elles.
Au loin, sur le trottoir les gens se poussaient affolés pour céder le passage aux deux formes qui venaient d’un même pas.
La première plus grande que l’autre, sa longue chevelure d’ébène flottait derrière elle telle des flammes d’obsidiennes. Son long manteau de cuir claquait au vent de chaque côté de son corps créant l’illusion de larges ailes noires. Son épée, bien serré dans son poing, étincelait à la manière de mille diamants, quand la lumière des lampadaires en frappait la lame. Sa tête penché laissait voir le blanc de son œil sous ses prunelles céruléennes. La seconde, la capuche aux poils rouge sang relevée sur sa tête évoquait une crinière que caressait le vent, les quelques mèches d’or rouge qui s’en échappaient, dansaient autour de sa tête tels des serpents sur la tête d’une méduse.
Un Dragon noir puissant et irascible et un Lion de feu, brûlant d’une sourde colère. Les yeux de ses dernières lançaient des éclairs vifs et blancs. De la rage à son état pur. Les passants totalement apeurés s’écartaient ou étaient écartés du revers de la main, de l’une ou de l’autre, sur leur passage. Elles venaient, pas après pas, comme des géantes. Vision de mort en rouge et noire, un duo temporel, de démons vengeurs, de ténèbres et de feu, tout droit sortit des abysses de l’enfer. Xena leva le bras et rattrapa son chakram, impétueuse. Thalestris rageuse souleva un peu sa lance et la grosse pointe argentée lança un rai flamboyant. Elles venaient. Pas après pas. Du même pas.
Et la neige virevoltait en une lente farandole.
Du duvet d’ange que l’on jetait sur les flammes de l’enfer.
***
Elle avait réussit à les semer en empruntant plusieurs détours. Drôle d’endroit où elle s’était retrouvée. Elle se demandait bien pourquoi ici et où était ‘ici’. Elle s’arrêta car devant elle une vision allégorique venait de capter son attention. Un signe.
Le bâtiment était visiblement différent des autres, une sorte d’impatiente quiétude s’en dégageait. L’air vivait, les murs respiraient. La neige tombait doucement tout autour telle une musique qu’on aurait pu croire qu’elle s’élevait au-dessus de la bâtisse pour se consumer dans l’infini de la voûte céleste. Ses tours majestueuses s'élevaient à plus de cinquante mètres vers le ciel et venaient de chaque côté de sa façade. Un sentiment de piété l’habitait. Dans la niche située au-dessus de la fenêtre centrale se trouvaient trois statues de marbre. Des portes cérémoniales de bronze ornées de sculptures semblaient l’inviter courtoisement à grimper le large escalier devant elles. Elle était peut-être en terre inconnue, mais ceci était bel et bien un signe.
Entrebâillant l’une des portes, elle jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur. Un sanctuaire et ses panneaux sculptés de marbre étaient situés à la croisée des transepts et de la nef. L'autel central dominait le sanctuaire. C’était à couper le souffle. Grandiose.
Au centre de la salle, un homme à genoux priait sur la grande estrade ronde face à l’autel et était baigné d’une lumière magique dont elle ne put découvrir l’origine. Un miracle qui prenait corps devant elle après son étrange parcours; mais ses pensées revinrent bientôt à la surface lumineuse de l’autel : pour elle, Alexena était la lumière du monde, la pureté étincelante, évoquant en elle des promesses aux quelles elle n’osait songer. Elle fit un effort pour revenir à l’espace qui s’étendait derrière cette porte.
Quelle était la source de cette clarté sans ombres, sans vacillations, qui enveloppait l’homme? Était-il possible que la lumière émane de lui, qu’elle soit le reflet de la plus haute concentration spirituelle, soustrayant le corps aux lois de la matière, au poids de sa gangue terrestre? Elle se souvint de la conversation qu’elle avait eue bien des années plus tôt avec un vieux soufi. L’homme lui avait parlé du corps qui se libère de toutes douleurs et craintes mortelles par l’extase de la méditation. Elle regarda une fois de plus l’homme sur l’estrade. Immobile comme une statue, les mains jointes devant lui, la tête penchée en signe de recueillement. Elle ne perdit plus son temps à se demander où ni pourquoi. Sa pensée était pragmatique : elle pensait à la tâche qui l’attendait et priait en silence pour qu’elle réussisse.
Elle s’engouffra à l’intérieur.
L’homme sur l’autel central se retourna dans sa direction.
«Bonsoir.» Son doux sourire était chaleureux et invitant. «Bienvenue dans la maison de Dieu.» Il se leva pour venir vers elle.
Elle plissa les yeux mais avança aussi vers lui en défaisant les nœuds de sa cape qu’elle avait nouée sur sa taille et ses épaules pour en faire une espèce de sac à dos.
L’homme nota bien son drôle d’accoutrement mais ne releva pas. Il en avait vu de plus bizarre.
«Quel Dieu?» Demanda-t-elle d’une voix douce. De la curiosité qui passa pour de la dérision.
L’homme sourit encore en venant vers elle. Encore une autre qui a perdu la foi.
Dans la cape bien emmaillotée, se trouvait un petit bébé. Elle le prit doucement dans ses bras. «L’Élue.» Dit-elle en lui désignant l’enfant.
L’homme se racla la gorge. «Je suis le Père Ryan.» Il lui tendit la main.
Elle ôta ses gants de cuirs bleus et lui saisit lentement la main. «Najara… Najara de Damas.»
***
«On l’a perdue…» Gronda Thalestris.
«Où est Arès? J’ai des envies de meurtres juste là!» Grogna férocement Xena. C’était loin d’être une rhétorique, elle était mortellement sérieuse. Elle était d’une humeur massacrante.
«Les ambulanciers l’ont embarqués» Répondis-je encore sous le choc de la vision du duo surréel qui avait monté la rue.
«Qui?»
«Les ambul..» Ça n’allait pas le faire. «Les guérisseurs.. Ils l’ont amené… heu… au Temple de la Guérison…»
«C’est un dieu, il n’a pas besoin de guérisseurs…» Affirma Eponin d’un ton sarcastique.
«Pourtant, il avait l’air pas mal amoché.» Ajouta Éphiny.
«Et il saignait aussi…» Surenchéri Clio en plissant le nez.
«Il saignait?» Xena resta songeuse.
«Allez faut dégager, si on reste ici on va se faire embarquer. C’est sûr…» Ajoutais-je en grelottant. C’était plus qu’une certitude et le temps pressait.
«Cet endroit est pire que le Tartare…» Gronda Thalestris d’une voix basse, sa colère encore bien palpable.
«Bienvenue dans mon monde…» Ajoutais-je avec dérision.
Dernière édition par Alyss le Ven 27 Mai - 7:52, édité 1 fois
Alyss- Messages : 246
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Re: Série L'Enjeu - Partie 2 : Le Gagnant Remporte Tout (X/G)
Chapitre II
"Everything" <--- Xena talking to Gab.
I can be an asshole of the grandest kind
I can withhold like it's going out of style
I can be the moodiest baby and you've never met anyone
Who is as negative as I am sometimes
I am the wisest woman you've ever met.
I am the kindest soul with whom you've connected.
I have the bravest heart that you've ever seen
And you've never met anyone
Who's as positive as I am sometimes.
You see everything, you see every part
You see all my light and you love my dark
You dig everything of which I'm ashamed
There's not anything to which you can't relate
And you're still here
I blame everyone else, not my own partaking
My passive-aggressiveness can be devastating
I'm terrified and mistrusting
And you've never met anyone as,
As closed down as I am sometimes.
You see everything, you see every part
You see all my light and you love my dark
You dig everything of which I'm ashamed
There's not anything to which you can't relate
And you're still here
What I resist, persists, and speaks louder than I know
What I resist, you love, no matter how low or high I go
I'm the funniest woman that you've ever known
I'm the dullest woman that you've ever known
I'm the most gorgeous woman that you've ever known
And you've never met anyone
Who is as everything as I am sometimes
You see everything (you see everything), you see every part (you see every part)
You see all my light (you see all my light) and you love my dark (and you love my dark)
You dig everything (you dig everything) of which I'm ashamed (of which I'm ashamed)
There's not anything (there's not anything) to which you can't relate (to which you can't relate) And you're still here
(You see everything, you see every part) And you're still here
(You see all my light and you love my dark) And you're still here
(You dig everything of which I'm ashamed)
(There's not anything to which you can't relate)
And you're still here...
Alanis Morrisette
Écouter: Everything
***
J’avais dû déployer beaucoup d’effort à les convaincre de se replier chez-moi. Elles voulaient aller au ‘Temple de la Guérison’, disant qu’il était impératif de retrouver Arès. Bien sûr, elles avaient raison, mais ils ne nous laisseraient pas entrer attifées comme nous l’étions. De plus, l’hôpital était à plus de dix kilomètres. Avec la congestion il serait impossible de trouver un taxi, de toute façon aucun chauffeur saint d’esprit ne laisserait monter des femmes armées à son bord, surtout que les dites armes ne tiendraient pas à l’intérieur, à moins d’ouvrir les fenêtres et encore. Non, il fallait aller à pied et parcourir les cinq kilomètres qui nous séparaient de chez moi. Un repli stratégique, il fallait nous organiser. Une allégation qu’elles n’avaient pu réfuter.
La neige tombait toujours en petits flocons duveteux et bien sûr on gelait. Nous, nous mîmes donc en marche.
Nos tenues déparaient et nous étions loin de passer inaperçu. Une armada aux allures de nymphes tout droit sortie de l’antiquité. En bifurquant sur la 6ième avenue, je décidais de couper par les ruelles pour nous faire sauver du temps et aussi nous retirer un peu de la rue, histoire de nous éviter d’autres ennuis. Enfin… si on peut dire.
Encadrée d’Éphiny Clio et Eponin, j’avançais devant, tandis que Xena et Thalestris traînaient derrière en échangeant parfois des mots. La distance nous empêchait d’entendre ce qu’elles se disaient.
J’étais bouleversée; elles avaient fait un enfant ensemble! Nom de Dieu! Enfin pas tout à fait toutes seules, mais tout de même, il fallait être aveugle pour ne pas avoir remarqué la ressemblance entre Xena et Alexena. Je refoulais pour l’instant ces perturbantes révélations et les émotions qui les accompagnaient. Frissonnant, j’accélérais le pas, un peu ulcérée.
«Cette marque qu’elle t’a faite, elle n’est pas comme les autres, j’espère que tu l’avais remarqué.» Lâcha Éphiny en me rattrapant un court instant plus tard. Elle n’avait pas manqué le petit ‘x’ bien visible au bas de mon dos juste au-dessus de ma jupe. D’ailleurs tous les vêtements dont Xena m’avait fait cadeau où qui avaient étés faits sur mesure pour moi, laissaient le bas de mon dos et cette marque bien visible. Exprès. Évidemment.
«Oui, j’avais remarqué, mais ça reste ‘sa’ marque, un ‘x’ est un ‘x’, c’est tout.» Grommelais-je en broyant du noir.
Éphiny se renfrogna. «C’est tout?» Elle haussa les sourcils en jetant un œil à Eponin. «Tu n’as pas l’air de prendre ça trop mal.» Elle marqua une pause. «À ma connaissance, la seule autre… hum… ‘chose’ que j’ai vu avec ce ‘x’ si, stylisé, c’est son cheval.»
Ce fut au tour d’Eponin d’hausser les sourcils. Une nouvelle pour elle apparemment. «Ah, oui? Elle en a de différents?» Dit-elle interloquée. Elle soupira un peu comme une baleine et secoua la tête en plissant le nez.
Clio de son côté semblait se désintéresser totalement de nous, elle passait son temps à jeter des petits regards, vers Xena et Thalestris qui nous suivaient toujours à environ dix mètres derrière.
Qu’est qu’elle voulait que je réponde à ça? Bien sûr, cela me fis un peu grincer des dents, mais ce n’était pas comme si j’avais eu le choix. Si j’y repensais cependant, il était vrai que tous les gens à son service portait un ‘x’ mais différent et à l’épaule. Cela me laissa un peu songeuse, et je me surpris à lancer aussi un regard derrière nous, vers Xena.
Sur ces pensées je pris pour la troisième fois un détour dans l’une des sombres ruelles.
«Elle te baise aussi?» Demanda effrontément Éphiny toujours avec ce ton acerbe.
«Oui et alors?» Lui répondis-je sur le même ton. Elle commençait à me gonfler. Elle fait bien plus que ça! Me dis-je également mais j’en restais là pour le moment.
«Par Zeus! Elle est la Destruc…»
Je lui coupais brutalement la parole. «Et Thalestris?» Pas besoin d’en dire d’avantage. Elles me jetèrent toutes les trois un regard un peu contrarié, surtout Clio.
«C’est différent.» Maugréa Éphiny.
«Ah, oui?» Répondis-je. «Je ne vois pas en quoi… Tu pourrais peut-être me le dire, toi, hein?»
Et je vis les problèmes arriver à ce moment très précis.
Six hommes, des costauds, fumaient leurs clopes et sûrement autre chose aussi, en échangeant de petits sachets remplit de poudre blanche contre des billets. Froc de cuirs à écussons, tatoué, barbu ou la tête rasé. Des durs à cuire. Accoudés sur les rampes d’un vieil escalier de fer rouillé qui menait à la porte arrière d’un bar malfamé. Ils nous regardèrent venir, en se donnant de petits coups de coudes tout en se dépêchant de remettre billets et sachets dans leurs poches.
Je priais tous les saints du ciel pour qu’ils retournent dans le bar ou encore qu’ils gardent la bouche bien fermé. Mais cette grâce ne me fut pas accordée. Ma prétendue ‘non’ croyance devait se retourner contre moi.
Et les petits flocons tombaient tout joyeux mais plus éparses tandis que la brise les faisait tourbillonner doucement.
Ce qui devait ce produire se produisit! L’un d’eux siffla en reluquant Éphiny des pieds à la tête.
Sa courte jupe de cuir noir était maintenue par une ceinture ornée d’une large boucle dorée où pendaient quelques plumes ballottées par la brise. Ses bottes lacées montaient sur ses mollets exposant ses genoux et ses cuisses bronzées. Son bustier en peau de daim marron ne cachait rien de ses formes, de son ventre plat et des courbes de ses hanches. Une petite lanière de cuir à laquelle était attaché une plaque nacré, un coquillage, descendait un peu dans son décolleté et mettait en valeur sa poitrine. En guise d’armure, elle portait une spalière de cuir à l’épaule droite et des brassards métalliques noir et doré. Elle possédait un charme patibulaire et ce charisme dogmatique qui ne laissait pas indifférent.
«C’est moi que tu siffle comme un cheval?» Tonna-t-elle en se campant sur ses jambes en pointant le pouce vers sa propre poitrine. L’humeur de la Régente du Clan des Sœurs de la Nuit n’était pas à son meilleur. Armée de son bâton de combat à tête de vautour, elle avait du chien. Ses cheveux bouclés blonds ondulaient dans le vent et ses yeux verts olive dardaient l’homme avec défiance.
«T’as envie que j’te monte ma pouliche…» Ricana ce dernier.
Elle fondit sur lui tel un oiseau de proie, en trois seconde, sans même qu’il sache ce qui lui était arrivé, il gisait sur le pavé inconscient, le nez en sang, les deux rotules éclatées et peut-être le crâne aussi. Éphiny était de retour à mes côtés. Du vite fait bien fait. Les autres nous regardaient en jetant de petits coups d’œil à leur ami interloqué, incertain d’avoir bien vu.
Je vis Xena et Thalestris sortir du rideau de ténèbres et de neige qui régnait dans la sombre ruelle, comme des apparitions, surgit de nulle part.
Un petit homme en profita pour grimper les quelques marches et s’engouffrer dans le bar d’où provenait une musique rock étouffé. Je compris que ce serait un de moins ou dix de plus. Soit il battait en retraite, soit il allait chercher du renfort. La deuxième option me semblait plus probable.
Eponin et Clio avaient croisé leurs bras sur leurs poitrines et attendaient la suite en bonne spectatrices avec des airs amusés.
Thalestris prit appuis sur sa lance d’un air las en fixant l’homme qui gisait sur le pavé. On ne pouvait pas la manquer avec ce manteau rouge. Une tâche de sang écarlate dans la nuit. Sa capuche était rabaissée et ses cheveux d’or roux flottaient doucement au vent. Ses yeux bleus foncé se tournèrent pour se fixer sur moi en scintillant d’une drôle de lueur. Mal à l’aise, je tournais la tête dans une autre direction.
Un des hommes, le plus baraqué, détailla Xena des pieds à la tête, admiratif, et jeta son mégot vers nous, sans la lâcher des yeux. Il était grand chauve avec des tatouages sur le crâne, il avait l’air d’un tueur.
«C’est une belle épée qu’t’as là toi.» Il rit vertement. «Tu veux que j’te montre la mienne, bébé» Badina-t-il en jetant un petit regard vers l’homme étendu inconscient près de lui. Il sourit, et son regard revint sur elle. Les quatre autres se carrèrent en riant. Mais ils ne bougèrent pas tout de suite. Non, ils avaient l’air d’attendre quelque chose.
Comme Xena ne releva pas, le chauve continua tranquillement. «Tu vois ce gars que ton amie a amoché?» Il pointa le doigt sur l’homme toujours inconscient sur le pavé au bas de l’escalier. «Elle l’a pas manqué hein. Elle lui a pété les deux genoux, le nez, la mâchoire et le crâne aussi on dirait bien. Eh bien, ce gars, c’est Boomer, notre chef.» Il se retourna pour montrer le large écusson cousu derrière son blouson de cuir.
Les Centaures Belliqueux!
Oh! Mon Dieu! Non!!! Mon Dieu! MonDieuMonDieuMonDieu!! Ah! Non!
C’était le gang de motard le plus criminalisé de tout Washington et des États-Unis aussi! C’était mauvais. Aujourd’hui était le pire jour de toute ma vie. Enfin, c’est ce que je croyais. Il y en aurait d’autre, mais ça, je l’ignorais encore. Et cet homme qu’Éphiny avait dégommé était leur chef. La poisse me collait aux chevilles comme la pestilence aux rats! Que je brûle!!! Ouaip, une sale journée. Tout ce qui m’arrivait depuis ce matin relevait du cauchemar. J’eus envie de me mettre en petite boule sur le pavé pour pleurer jusqu’à ce que le froid ait raison de moi.
De derrière en provenance de l’entrée de la ruelle nous entendîmes d’autres voix d’homme qui s’amenait. On ne les voyait pas encore mais ils venaient.
»… va bien s’amuser…»
»… à moitié nue, t’as dit?»
»… j’vais leur en faire bouffée du bâton moi…»
Leurs voix se rapprochaient.
Quelque chose d’important à quoi je n’avais pas songé fit irruption dans ma petite tête et je me mis à trembler comme une feuille. Merde! Ses hommes étaient peut-être armé! Non pas peut-être… très certainement armé!
«Si vous les voyez sortir des trucs de métal ne restez pas devant. Ils tirent de puissants projectiles qui peuvent vous tuer instantanément. C’est mortel. Et ça même de où ils sont.» Dis-je en un souffle, la panique contenue dans ma voix tout à fait décelable. J’allais craquer d’un instant à l’autre et me mettre à babiller comme une sans âme. Morte de peur, que j’étais.
Xena afficha un petit sourire et dénoua son fouet de sa taille. Elle lui fit faire de petits serpentins sur le sol. «La Lionne.» Commanda-t-elle en lui faisant un petit signe de tête pour qu’elle s’occupe de ceux qui venaient derrière.
«La Lionne??? Ahahaha!! Minou, minou, minou! Miawwww hein la Lionne, viens ici ma p’tite chatte que je m’occupe de toi…» Ricana un des malfrats sur l’escalier. Des rires gras fusèrent.
Thalestris se redressa et enleva l’une des manches de son manteau. Des sifflements, puis un ‘ouais c’est ça enlève tout bébé!’ se firent entendre. Un bracelet en dents de bêtes sauvages ornait le haut de son bras. Elle le fit glisser jusque sur ses phalanges et resserra la boucle dans le creux de sa main à l’aide de ses dents pour le solidifier. Des griffes acérées. Elle remit son manteau et poussa d’un mouvement sec sa capuche sur sa tête. Ses yeux bleus nuit étincelèrent à nouveau. Elle émit un petit grondement sourd.
Dans mon champ de vision je vis Eponin retirer les gros poignards de leurs ganses sur chacune de ses bottes. Clio quant à elle, retira de son étui le large couteau qu’elle portait à la cuisse.
Et moi, et bien moi, je restais pétrifiée, vulnérable, inoffensive et surtout totalement incapable de faire quoi que ce soit.
Xena le comprit aussi. «Dégage, Gabrielle.» Vociféra-t-elle. Je restais figée, ce ton, cette façon de me lancer cet ordre, était pire que le reste. Ce monde de violence et de survie qui coulait dans ses veines m’était si inconnu. J’étais tel le blanc et innocent papillon voletant dans le champ d’orties qu’elle était. Et elle, elle déchirait mes ailes de ses épines. Je n’y comprenais rien. Figée, totalement paralysée par la peur.
Elle fit trois pas, leva la jambe, posa sa botte contre mes fesses et me poussa violemment dans les bras d’Eponin.
Impuissante, un poids mort. Rejetée.
Xena et Thalestris allaient faire le plus gros du travail ‘ensemble’. Cette pensée me mit encore plus à l’agonie.
Le petit homme que j’avais vu entrer dans le bar revint, par cette même porte, avec d’autres motards comme je l’avais anticipé. Une dizaine au bas mot.
Le nombre venait d’augmenter grave, ceux-là plus ceux qui venaient derrière, clairement en surnombre. Je les avais vu un tout petit peu à l’œuvre elle et Thalestris, mais franchement, j’avais des doutes, surtout que ces hommes là n’étaient pas des femmelettes.
«Eponin, Éphiny, Clio! Protégez-la, sur votre vie! Si quoi que ce soit arrive à ‘mon épouse’, il vous arrivera la même chose, compris!» Croassa Xena d’une voix basse et manaçante.
Un tout petit peu de baume sur mon cœur blessé.
Les trois amazones hochèrent la tête, mais au lieu de la regarder elle, leurs regards convergèrent vers moi et je pus voir les points d’interrogations dans leurs yeux et leurs bouche béate face à ce ‘mon épouse’. Je levais le diamant sur ma bague pour bien enfoncer le clou. Éphiny leva les bras au ciel comme pour dire que c’était le comble. Eponin plissa les yeux sous le choc. Clio afficha un sourire de contentement.
Thalestris quant à elle, gronda et je vis ses prunelles, dans l’ombre de sa capuche, braqués sur moi. Elle me dévisageait.
Xena fit claquer son fouet avec force à cet instant très précis.
Ce fut pour Thalestris le signal, me lançant un dernier regard étoilé, elle s’élança toujours avec cette agilité de fauve. Sa lance la propulsa dans les airs, son poing se referma comme si elle sortait les griffes. Elle poussa son rugissement.
«Sales Putes! On va vous faire vot’ fête!» Lança le chauve.
Au mot ‘pute’ j’entrais une fois de plus la tête dans les épaules en clignant des yeux. Elle allait le tuer en premier, c’est certain. Je voyais déjà sa tête rouler à mes pieds. J’entendis le son distinctif de l’acier de son épée qu’elle tirait au clair et le ‘swwooosh-swwooosh’ familier qui venait après.
Xena sourit. De ce sourire, froid et si glacé qui ne se rendait jamais à ses yeux. «Je crois pas non.» Maugréa-t-elle pour elle-même.
***
Ça avait été un carnage. Un bain de sang. Aucun survivant. Personne pour relater cette histoire à qui que ce soit. Un chapitre entier du clan des Centaures Belliqueux venait assurément de disparaître et ça en un claquement de doigt. Cela soulèverait sans doute beaucoup de questions quand les médias s’empareraient de la nouvelle. Thalestris et Xena s’étaient données à fond.
Elles n’avaient point desserré les lèvres depuis, pour la simple et bonne raison qu’un flot continu de mots s’écoulait de ma bouche alors que nous marchions à longue foulée. Thalestris et Xena, allaient à mes côtés tandis que les trois amazones suivaient juste derrière.
Elles semblaient détendues, cette petite tuerie leur avait fait grand bien. Elles avaient laissé sortir la pression et les frustrations, me semblait-il. Quant à moi, c’était tout le contraire. J’étais tendue, stressée, oppressée, non, moi, mon truc dans ce genre de situation c’était de dégoiser à torrent. Ce que je fis bellement. Je leurs parlais donc de tout ce qu’elles ne devaient pas faire. Tuer par exemple. Je me montrais très clair sur ce point. Plus de tuerie à moins d’y être vraiment forcé. Du coq à l’âne. Des inventions, la lumière, l’électricité, la musique, le téléphone, la télé, les voitures, le train, de la politique, ‘qui’ était le président des États-Unis, des avions, des armes, des guerres, de la pollution même des toilettes! Tout y passa, de façon débridé et parfois pas très cohérente pour elles, mais bon, fallait bien commencer quelque part. Plus de deux mille ans d’évolution séparait nos mondes. Ainsi, nous arrivâmes devant chez-moi.
J’habitais une maison mitoyenne de bonne dimension à trois étages si l’on comptait le sous-sol attenant au garage. Je retrouvais ma clé de secours sous le pot à fleur sur la galerie. Combien de temps avais-je été ‘absente’?
Xena me regarda en affichant un petit sourire. Elle semblait de bien meilleur humeur.
Nous, nous engouffrâmes toutes à l’intérieur, heureuse d’y trouver un peu de chaleur. Épuisées, trempées et désorientées. Même moi.
*… un embouteillage monstre au centre ville…* (son ‘off’ de la télé)
«Alyss?» Puis encore «Ys? C’est toi?»
*… est complètement paralysé, les événements insolites…*
«Ys? Ma chérie?»
Je mis mes mains dans mon visage. «Quelqu’un veut bien me tuer, là?» Dis-je en gémissant. C’était la voix de ma mère.
Thalestris serra la hampe de sa lance en haussant un peu les épaules, je crois qu’elle l’aurait vraiment fait si Xena ne lui avait pas jeté un regard d’avertissement.
«Merde…» Grognais-je. J’avais envie de tout planter là et d’aller courir toute nue dans la rue en hurlant à la lune! Qu’on m’enferme à jamais! Ne manquait plus que ma mère pour que mon malheur soit complet. Xena se tendit et je lui posais la main sur le bras pour la rassurer. «Ys c’est mon autre nom… et ça c’est ma mère…» Dis-je tout bas, fort dépitée. «Oui maman! C’est moi!» Dis-je encore en augmentant le ton.
*… deux femmes armées d’épées…*
Elle apparut au sommet de l’escalier menant à la cuisine. «Oh! Mon! Dieu! Mais regardez-moi ça! Vous êtes toutes trempées… Oh, mais qu’est-ce que c’est que cette idée de sortir à moitié nue par une température pareil. Enlevées moi ces bottes… Je vais vous chercher des serviettes.» Et elle repartit.
«Vous avez été à un bal masqué? Ah non! Je sais, à un grandeur nature! Vos costumes sont superbes. Ils ont presque l’air authentique.»
Sa voix se perdit alors qu’elle s’éloignait dans le couloir tandis que nous enlevions nos bottes, j’étais au plus mal. Elles déposèrent toutes leurs armes dans un coin à mon grand soulagement.
Hecuba, était une femme très particulière, spéciale, un peu comment dirais-je, théâtrale. Elle se donnait des allures de reine, parlait rapidement, s’emportait facilement et soliloquait pendant de longues minutes. J’avais hérité d’un peu de sa verve d’ailleurs.
*…une vidéo troublante a été captée…*
«Blablablabla… Vous avez vu cet hécatombe au centre ville, ils en parlent sur toutes les chaines… blablablalblalbla…»
*… Ne manquez pas notre reportage exclusif…*
Je lâchais un soupir de condamné à mort. «Laissez-là parler. Et tenez-vous bien tranquille…» Dis-je en joignant les mains en guise de supplications.
«Trois semaines sans donner de nouvelles, tu aurais pu au moins téléphoner ta pauvre mère! fille ingrate! J’ai du emménager ici pour quelques jours, j’ai finalement décidé de faire, faire les travaux dont je t’avais parlé, c’est un vrai chantier, je te dis pas»
Elle revenait.
«Par chance Sal m’a dit que tu l’avais avisé que tu quittais pour la Moldavie, sinon j’aurais été forcé de mettre les autorités à ta recherche.»
Sal était mon éditeur et il est bien vrai que je l’avais avisé de mon départ pour la Moldavie.
«Et puis qu’es-tu allée faire en Moldavie hein? Voilà, prenez ça et séchez vous, mes pauvres chéries, vous devez être congelées.»
*… Un pillage a aussi été perpétré on rapporte un vol de manteaux…*
Nos prîmes les serviettes qu’elle nous tendait et je grimpais l’escalier en premier.
«Maman j’ai bes…» Elle me coupa la parole.
«Toi ma fille ne me refais plus jamais une chose pareil. Faire, faire un sang d’encre à ta pauvre mère. T’as pas pensé un instant que je pouvais m’inquiéter? Inconsciente de fille. Allez viens dans mes bras que je t’embrasse. Tu m’as manqué.»
*… L’homme blessé repose à l’hôpital St-James, on ne craint pas pour sa vie…*
J’obtempérais. Elle me serra fort, me fis un gros baiser sonore et me repoussa pour me regarder. «T’es bronzé toi. Ça te donne bonne mine en tout cas. Tu ne me présente pas tes amies.»
Une idée venait de germer, une inspiration soudaine qui allait sans doute éviter une catastrophe si elle devait rester ici.
«MAMAN!» Je la pris par les épaules en la regardant droit dans les yeux pour avoir toute son attention. Parfois elle m’énervait, mais en ce moment j’avoue que ce n’était pas elle autant que sa présence ici qui me mettait les nerfs en boules. «Écoutes-moi bien maman, c’est important.»
Elle se tut et plissa les yeux. «Quelque chose de grave?»
«Oui, non, oui… Écoutes, j’ai besoin que tu aille à l’hôpital. Un de nos amis à été renversé, je veux que tu restes avec lui.»
*… L’hélicoptère qui avait prit en chasse les deux femmes à subit…*
«C’est grave alors.»
«Non, oui... non… je ne sais pas. Son nom est Enyalios, beau, grand, avec un bouc… il devrait te plaire…Va et reste avec lui, d’accord.»
«C’est en rapport avec ce qui c’est passé au centre ville?»
«Non… oui… Maman! S’il te plais…» Gémis-je en joignant les mains.
«Bon d’accord, j’y vais, ne t’inquiète pas.»
Elle attrapa son manteau dans la garde robe. «Mes bottes sont au sous-sol.» Voulant dire par là qu’elle ne pouvait pas passer. Mes amies bloquaient la voie. Je leur fis donc un signe de tête pour qu’elles cèdent un passage en me rejoignant sur le palier.
«Clio, Éphiny, Eponin… Et elle c’est Thalestris et Xena…» Je les avais pointé du doigt une à une rapidement. «Voici ma mère Hecuba.»
«Enchantée» Elle passa et ouvrit la porte menant au sous-sol, sans doute sa voiture était-elle dans le garage puisque la mienne était toujours à l’aéroport. «J’y vais. Ça m’a fait plaisir les filles.»
«Appelles aussitôt que tu le trouve et donne des nouvelles, d’accord?»
«Oui, oui, bien sûr.»
Elle disparut en refermant la porte.
*… tous morts derrière leur repaire… les Centaures Belliqueux sont bien connus pour…*
Je soupirais soulagée. Ça c’était un coup de maître. Ma mère allait veiller sur lui comme un chien de garde. Sans doute qu’avant la fin de cette nuit tout l’hôpital allait danser au son de sa musique à elle. Elle avait un don. Personne n’approcherait de lui sans d’abord passer par elle.
Lili ma petite chatte tigré passa juste à ce moment, elle me regarda toute heureuse, reluqua Xena en faisant le dos rond puis se détourna de nous et alla directement vers Thalestris. Elle lui bondit dans les bras en ronronnant.
Traitresse! Me dis-je en moi-même, en plissant les yeux vers ma petite chatte qui faisait les yeux doux à la Reine du Clan des Sœurs du Serpent.
***
Ma mère avait appelé pour dire qu’elle avait bien trouvé Enyalios à St-James et qu’elle allait passer la nuit à son chevet, de ne pas nous inquiéter. Il avait une bonne commotion cérébrale, quelques coupures à la tête, une côte de casser. Que pour l’instant il était sous sédatif et dormait comme un bébé, hors de danger.
J’avais assigné les chambres du second étage à mes nouvelles locataires. Thalestris voulait rester seule, j’avais donc offert la petite chambre adjacente à Clio, cette dernière n’avait rien dit mais j’avais bien remarqué sa déception. Quant à elles, Eponin et Éphiny se partageraient le grand lit de la troisième chambre.
Pour l’instant, la Reine du Clan des Sœurs du Serpent prenait un bain à l’étage, tandis que les trois amazones prenaient leurs tours dans la petite douche au sous-sol. J’avais réservé pour moi et Xena celle de la salle de bain attenante à ma chambre à coucher sur l’étage principale, après tout, j’étais chez moi.
La vapeur et l’eau chaude acheva de libérer nos muscles des tensions accumulées. Je lui avais lavé le dos et bien sûr elle m’avait rendu la pareille. Plusieurs shampooings et savonnages nous avaient fait le plus grand bien. Nous attardant encore pour profiter des jets d’eau salvateurs, elle me serra contre elle. Elle était superbe sous la douche, je me mis à parcourir son dos et ses formes gracieuses du bout des doigts, comme si elle avait été aussi fragile que du verre. Elle répondit à mes attentions et un léger frisson parcourut mon corps au contact de ses mains. La chaire de poule s’étendit sur tous les centimètres carrés de mon épiderme tandis que ses mains glissaient lentement dans mes cheveux. Elle me caressa la tête puis le visage, avec une délicatesse encore jamais connue. Nos visages se retrouvèrent face à face, les yeux dans les yeux.
«Je t’aime, Xena. Je…»
Sa main glissa le long de ma joue jusque sur mes lèvres et elle posa un doigt sur ma bouche.
«Shhhhhh…»
Elle ne le dirait, pas. Elle ne l’avait jamais fait. Enfin pas comme ça.
Puis elle se pencha pour m’embrasser. J’éprouvais déjà de l’excitation par ce seul baiser. Toutes les fibres de mon corps palpitèrent en résonnant avec force. Un bal de baisers et de lentes caresses s’ensuivit tandis que nos respirations s’accéléraient. Chacun de ses gestes était une étreinte: aucune précipitation, pas de sauvagerie, l’union de nos deux corps se faisait harmonieuse telle une mélopée céleste. Elle effleura mes lèvres, juste assez pour que des frémissements naissent faisant trembler mon corps, mon cœur, mon âme… un temps indéfinissable d’exaltation. Totalement abandonnée, je laissais le plaisir m’envahir.
Elle passa ses mains sous mes fesses et sans difficulté, elle me souleva. Elle était belle et forte, elle était Xena, elle était mienne. Mes jambes s’accrochèrent à ses hanches et je sentis l’extrémité de ses dents me mordiller le cou. Succombant à un désir presque primitif, j’agrippais ses cheveux mouillée la forçant à relever la tête et l’embrassa tendrement, profondément pour lui confesser mon amour si inconditionnel, si totale, si incommensurable. Sans réserve cet amour, je le lui concédais, le déposait à ses pieds, faisant fit de toutes les barrières, me rendant vulnérable et me mettant à nue. Complètement à nue. Lui avouant en silence que jamais personne ne pourrait l’aimer comme ‘moi’ je l’aimais. Le sentait-elle? Le comprenait-elle? Elle grogna et ses mains se mirent à accomplir leur miracle. Quand enfin elle me libéra j’avais peine à respirer et des larmes de plaisir et de douleur roulaient sur mes joues. Ma beauté sombre. Le sang dans mes veines, la sève de mon être, elle régnait sur mes plus fous désirs, rêve des mes rêves, je l’aimais tant que ça me faisait mal. L’idée de la perdre m’était si insupportable et la vérité était qu’en ce moment, l’insécurité me rongeait, recouvrant mes espoirs d’un sinistre linceul. Nos mondes étaient si différents, si contradictoire. Aux antipodes l’un de l’autre. Sentait-elle mon désarrois, mes inquiétudes, mes tourments, ma détresse?
J’étais si épuisée. Un sanglot me fit hoqueter, incapable de me contenir. Elle me serra tout contre elle et me berça doucement.
«Shhhhhhhhhh… shhhhhh…»
Alyss- Messages : 246
Date d'inscription : 19/05/2011
Re: Série L'Enjeu - Partie 2 : Le Gagnant Remporte Tout (X/G)
Chapitre III
I Know «---- Thalestris to Xena
So be it, I'm your crowbar
If that's what I am so far
Until you get out of this mess
And I will pretend
That I don't know of your sins
Until you are ready to confess
But all the time, all the time
I'll know, I'll know
And you can use my skin
To bury secrets in
And I will settle you down
And at my own suggestion
I will ask no questions
While I do my thing in the background
But all the time, all the time
I'll know, I'll know
Baby
I can't help you out
While she's still around
So for the time being
I'm being patient
And amidst the bitterness
If you'll just consider this
Even if it don't make sense
All the time, give it time
And when the crowd becomes your burden
And you've early closed your curtains
I'll wait by the backstage door
While you try to find
The lines to speak your mind
And pry it open, hoping for an encore
And if it gets too late
For me to wait
For you to find you love me, and tell me so
It's ok, don't need to say it.
Fiona Apple
Écouter: I Know
***
Cela faisait des jours que les candidats défilaient. Un homme portant un chapeau de paille et une petite femme aux cheveux de feu, étaient installés à une table où des parchemins étaient éparpillés devant eux.
Sur la chaise devant eux, un homme au beau visage, ses cheveux bouclés faisaient ressortir la carrure de sa mâchoire aux lèvres charnues. Ses yeux bleus respiraient la vivacité.
La petite femme pencha la tête vers l’homme à sa droite pour lui chuchoter à l’oreille. «Je crois qu’il serait parfait, tu ne crois pas?»
«Oui, celui-ci m’apparaît être le choix idéal.»
«Bien.» Elle se redressa. «Que vous inspire la douleur?»
«Ce qui ne me tue pas me rend plus fort.» Répondit-il sans hésiter la tête haute. Elle sembla une fois de plus impressionnée.
«Bien, très bien.» Elle s’avança vers lui.
«Alors mon cher ami, aujourd’hui est votre jour de chance. Votre destinée prend dès à présent une route à laquelle vous n’auriez jamais songé.» Elle claqua des doigts. L’homme s’affala instantanément sur le sol en reversant sa chaise. «Hermès?»
Le Dieu retira son chapeau de paille, se leva et vint vers elle.
«Il est parfait, Athena.»
«Oui, parfait. Maintenant procédons si tu le veux bien.»
En se donnant la main, ils fermèrent les paupières. Une grosse sphère bleue apparut devant eux. La terre.
***
Une odeur de café, de pain grillé et de bacon me fit ouvrir un œil. «Hummmmm.» Mon estomac gronda bruyamment. Je refermais les yeux pour étirer la main et tâter l’autre côté du lit.
Vide…
Un peu dans le cirage, pendant un instant je me pris à songer que Xena était peut-être à nous préparer le petit déjeuner. «Ça c’est impossible.» Marmottais-je. Au même instant un cri de mort et le bruit fracassant d’un poêlon sur le carrelage me parvint.
Ouvrant les yeux bien grands, je sautais à bas du lit, manquais me casser le cou se faisant, attrapais le drap en tirant, ce dernier me résista bêtement mais pour finir j’eus le dessus sur lui. Courant comme une dingue dans le couloir j’arrivais à la cuisine juste à temps pour voir ma sœur (les yeux exorbités, la bouche ouverte de stupeur, rouge comme un coquelicot, l’air scandalisée, apeurée et très impressionnée aussi) menacer de sa spatule une Xena totalement nue. Des œufs brouillés et un poêlon gisaient sur le plancher. Mon estomac émit un petit borborygme.
«Lila! Lila! Je te présente Xena.» À bout de souffle, je resserrais le drap autour de mon corps. «Xena voici ma sœur. Lila.»
Au même moment des bruits de portes qui claquent, des pas de course, une bousculade dans l’escalier, un ‘maudites Sœurs de la Nuit’ courroucé, quelques ‘ouille’ et ‘aie’, et la tribu apparut sur le seuil de la cuisine. Nues. Ma sœur rougit de nouveau en portant une main à son cœur avant de se détourner totalement effarouchée.
«Ma sœur Lila.» Dis-je à l’intention de toute la bande en tendant une main vers cette dernière qui nous tournait résolument le dos.
Lila se retourna en lançant un petit ‘enchantée’. Malgré elle, je la vis jeter un regard dubitatif à toutes ces femmes nues qui se trouvaient devant elle. Elle se retourna de nouveau avec un petit couinement et un ‘oh mon dieu’.
«Maman m’a téléphoné en me disant que tu avais des invitées. Que tu aurais sans doute besoin d’aide pour le petit déjeuner. Et me voilà.» Dit-elle dans un souffle sans se retourner
«Une minute, s’il te plaît.» Je me précipitais dans le couloir vers la réserve de draps. Je revins aussitôt en distribuant ces derniers. Évidemment je n’avais pas manqué les regards d’appréciations et les mines éblouis des quatre amazones qui contemplaient Xena sans gêne. «Allez, on se couvre.» Lançais-je sur un ton haut perché, un peu rebutée.
Elles nouèrent les draps telles des toges romaines. C’était beaucoup mieux.
«Tu peux te retourner Lila, elles sont présentables maintenant.» Je vis ses épaules se détendre, et elle se retourna enfin. Ma sœur Lila était plutôt pudique et puritaine. Croyante pratiquante, elle allait à la messe à tous les dimanches, faisait partie de la chorale des ‘Eklesia Sacrifika’, s’occupait du journal chrétien de St-James et faisait partie de ‘Secours Catholique’ une association qui luttait contre la pauvreté. Bref, c’était une gentille âme. Je fis donc les présentations et elle se remit à la tâche en nous invitant à passer à table.
La spatule lui échappa des mains quand elle vit Xena, qui juste avant de prendre place, m’embrassa à pleine bouche. Ce fut pour moi tout aussi inattendu et ma sœur se dépêcha de regarder ailleurs. Je piquais un fard, embarrassée et ne manqua pas le regard acéré que me lança Thalestris et les soupirs énervés d’Éphiny et Eponin.
Ma sœur s’était donnée du mal et nous eûmes droit à une avalanche de plats. Pains grillés, œufs au plat, crêpes, bacon, fruits et café. Bien qu’elles ignoraient ce qu’était cette boisson noire, elles m’imitèrent et s’en servirent une tasse. Affamées personnes ne se fit prier.
«Il paraît qu’il y a eu une hécatombe hier au centre ville.» Commença ma sœur sur le ton de la conversation. «Des femmes avec des épées. C’est sur toutes les chaînes. Ils en parlent encore ce matin. Ils ignorent ce qui c’est vraiment passé.» Je la vis tourner les yeux un peu vers le hall où étaient encore entassées dans le coin où elles les avaient laissées, toutes leurs armes.
Oh, elle ne pouvait les avoir manqué.
«Oui, nous y étions.» Avançais-je, en observant sa réaction du coin de l’œil. «Un de nos amis à été… blessé.»
«Ami… ami…» Gronda Thalestris.
Je lui jetais un faux regard noir pour qu’elle ne rajoute rien.
«Maman a passé la nuit à son chevet, je sais.» Lila soupira. «Quoi qu’il en soit, je suis heureuse de te revoir. Tu m’as manqué.»
Ce qui voulait dire en gros. ‘J’ai bien compris que tu as peut-être des ennuis, mais je ne dirais rien’. Je lui souris. «Toi aussi tu m’as manqué.» J’attrapais un morceau de pain. Clio n’avait de cesse de lancer de petits coups d’œil à cette dernière, je ne manquais pas le petit sourire timide qui ourla les lèvres de Lila en guise de réponse.
«On va se séparer en deux groupes.» Dit Xena en avalant une grosse bouchée de crêpe. «Et ratisser les environs où on la vue pour la dernière fois.» Poursuivit-elle la bouche pleine.
«Oui, elle ne peut pas être allée bien loin, avec la température et le bébé.» Ajouta Éphiny.
Et toujours ses petits regards à la dérobé que se lançaient ma sœur et Clio. Je plissais les yeux.
«Lila?» Elle semblait absorbé par son assiette et à dix mille kilomètres de nous. «Lila?»
«Hum?» Répondit-elle en jetant un autre petit sourire timide vers Clio.
«Si tu ne connaissais pas la ville, et que tu devais trouver refuge, où irais-tu?»
«La Cathédrale St-James, bien sûr. On fini toujours par y aboutir de toute façon, quoi que l’on fasse.»
«Oui! Bien sûr… On ira vérifier. Merci, tu es génial.» Je la vis jeter un autre coup d’œil vers Clio.
Je levais les yeux au plafond. «Comment va John, Lila?»
Elle se rembrunit. «Oh… bien…»
La porte d’entrée sur laquelle on avait une vue prenante s’ouvrit juste à cet instant et ma mère fit son entrée en écartant les bras telle une Diva.
«Beau comme un Dieu. Il embrasse divinement. Le dernier homme qui m’a embrassé comme ça, c’était Tod, Dieu ait son âme…» Dit-elle en se signant. «Ah ce qu’il est charmant! Je ne me suis pas sentis aussi heu… énergisée… depuis… heu… des lustres! Vous ne devinerez jamais les filles!» Hecuba semblait rayonner d’une aura vibrante, ses cheveux semblaient diffusés de l’électricité, et elle semblait avoir rajeunit de dix ans. «Cet homme est un Dieu!»
«On sait, oui…» Grommela Eponin.
«Maman?» Dis-je en voyant qu’elle était seule.
«Il m’a embrassé! Oh! Mon! Dieu! Quel homme. Il est si… séduisant… Tu ne m’avais pas dit que tu avais un ami aussi divin, ma chérie! Poli, courtois, adorable, cultivé, un vrai gentleman, les hommes comme lui se font rare de nos jours… Et magicien en plus de ça… wow… Un instant il était là… et pouf… il a disparut comme ça en un claquement de doigt. Il est incroyable…Il est si…. si…. si…» Elle brillait littéralement. Comme survoltée, plus en forme que jamais. Pour quelqu’un qui était sensé avoir passé une nuit blanche, c’était étonnant.
«Si absent?» Ajouta Éphiny.
«Oh, oui… Il m’a donné un message pour vous : Je vous contacterais.»
«C’est tout?» Dis-je.
«Je vais le tuer.» Gronda Thalestris.
«Moi d’abord.» Ajouta Xena impérieuse et très sérieuse.
«Tuer un Dieu est impossible.» Annonça Clio en lançant un petit regard vers ma sœur.
«Tu veux parier.» Grogna Xena, ce n’était pas vraiment une question.
Ainsi, elles se mirent toutes à parler en même temps. La tension monta d’un cran. Un concert de ‘je vais le tuer’, ‘Sale pleutre!’, ‘Qui est John?’, ‘Quelqu’un veut un autre café?’, ‘Il embrasse ouff… je vous dis pas!’.
«STOP!» Criais-je sans obtenir de résultat. Je me levais donc et d’une voix encore plus forte j’hurlais. «STOP!!! PLUS UN MOT!» Le silence se fit.
«Maman, tu te sens d’attaque pour une séance de magasinage?»
«Je suis en feu, ma chérie!» Elle adorait faire du shopping. C’était son passe-temps favori.
«Bien d’accord, tu vas avec Lila…» Je vis Clio faire une petite moue. «Et Clio… Tu achètes des vêtements pour mes amies… heu… Ils ont égaré leurs bagages à l’aéroport… Et n’ont rien d’autre à se mettre sur le dos, prend ma carte de crédit…» Je marquais une pause. «Éphiny et Eponin, vous resterez ici au cas où Arès déciderait de passer. Xena, Thalestris et moi irons en reconnaissance… Je vais envoyer Sal récupérer ma voiture à l’aéroport. Lila, je prends la tienne en attendant puisque tu vas avec maman. Allez, on se bouge…»
***
Arès savait qu’il devait faire vite. Encore quelques heures et ses pouvoirs s’amenuiseraient grandement. Il comptait bien utiliser ses réserves pour accomplir un dernier petit tour de passe-passe. Il s’était fait prendre par surprise par cette voiture. Ici les choses étaient tellement différentes. Enfin pour lui. Il s’était servit d’un peu de ses pouvoirs pour guérir ses blessures. Il n’avait pas manqué de remercier, à sa manière, la charmante dame qui avait veillé sur lui toute la nuit avant de claquer des doigts et disparaître.
Maintenant debout devant le lit de cette chambre plutôt banale, il regarda un moment la femme blonde qui dormait à poing fermé dans le petit lit adjacent à un berceau. Un instant il eut envie de la faire dormir d’un sommeil un peu plus définitif, mais il se ravisa. Il devait préserver ce qui lui restait d’énergie. De plus, peut-être pourrait-il se servir d’elle plus tard. Non mieux valait la laisser en vie.
Il posa les yeux sur ‘sa’ fille. Il avait été facile pour lui de la localiser. La fibre divine en elle agissait comme un radar. «Alexarès…» Chuchota-t-il avec fierté. La petite fille gazouilla doucement en le regardant. Elle avait grandit remarqua-t-il. Une fois de plus la fibre divine en elle devait agir. Elle était passée de poupon à nourrisson. Cela le fit sourire. «Viens voir papa ma belle.» Il se pencha sur le berceau et la prit dans ses bras. «Viens mon cœur, on rentre à la maison… enfin pas la ‘vraie’ maison, mais la maison de ton papa, ici dans cette ère. Je vais bien m’occuper de toi, ma chérie, tu vas voir.»
Il claqua des doigts et ils disparurent dans un flash de lumière.
Najara sentit un déplacement d’air, ouvrit les yeux et les tourna vers le berceau. L’Élue avait disparut.
***
Un homme avançait à grand pas dans l’immense aéroport de Delhi. Ce qu’il cherchait se présenta à lui. Derrière ses lunettes fumées ses yeux brillèrent d’un reflet d’ambre. Des gens progressaient à la file dans la zone d’embarquement à destination de la Moldavie. Il choisit une jeune femme qui portait un gros sac à dos en queue de file. S’avançant, il lui posa la main sur l’épaule. La lueur ambrée disparut de ses yeux et s’installa dans ceux de la jeune femme, puis l’homme s’écroula.
Elle regarda les gens autour d’elle lui porter secours sans broncher. Elle savait de toute façon que personne ne pouvait plus rien pour lui. Il vivrait, oui enfin, son corps bien sûr, mais tel une coquille vide. Sans âme.
Les yeux de la jeune femme se posèrent un moment sur son ancien hôte. Elle avança encore dans la file tandis que l’équipe médicale de l’aéroport chargeait l’homme sur une civière. Elle sourit doucement et remit les écouteurs de son ipod en place.
D’hôte en hôte elle devenait plus forte.
***
«Ma sœur a mentionné St-James. Je crois que c’est une bonne idée de commencer par-là.» Thalestris et Xena étaient totalement absorbées par le véhicule et analysaient tout ce qu’elles y voyaient, l’air de trouver leur petite ballade vraiment intéressante. Il m’avait fallu trouver des vêtements et ces derniers ne leurs allaient pas du tout. Trop court et trop petit. Mais au moins c’était mieux que leurs cuirs, qui de toute façon étaient encore humide.
«Je veux un bolide comme celui-là.» S’exclama Xena tout de go, très impressionnée.
«Ça s’appelle une voiture, et celle-ci est hors de prix.» John était un prospère italien qui possédait plusieurs entreprises de construction. Il avait offert une ‘Mercedes’ grand luxe à Lila pour son anniversaire.
«Moi aussi…» Ajouta Thalestris.
«Rouge.» «Noire.» Dirent Xena et Thalestris d’une même voix.
Elle et Xena se regardèrent en souriant l’air de très bien se comprendre l’une et l’autre.
St-James apparut devant nous avec ses deux tours et son air grandiloquent. Je stationnais dans le parking désert à cette heure matinale et nous sortîmes de la voiture. «J’y vais d’accord?» Elles hochèrent la tête. «Seule.»
«C’est un temple?» Demanda Thalestris.
«Oui en quelque sorte. Enfin, c’est la maison de Dieu.» Dis-je en me frottant la nuque.
«Quel Dieu?» Demandèrent Xena et Thalestris d’une même voix. Elles se sourirent à nouveau.
«Heu… S’il vous plaît, restez ici et soyez bien sage, pas d’esclandre. Je reviens vite.»
Elles redevinrent sérieuses et Thalestris afficha un air dépité. «Je veux ma fille.»
«Notre fille.» Ajouta Xena. Son visage se durcit. «Notre fille Thalestris.»
Je tiquais en serrant un peu les dents. Foutue jalousie.
Le soleil disparut alors qu’un ciel chargé de lourds nuages commençait à s’installer. Un peu à la manière de ceux qui venaient tout juste de recouvrir le ciel de mon âme.
***
Au centre de la salle, une femme vêtue de bleu était agenouillée devant l’autel. Nimbée par la clarté du jour qui filtrait par l’unique puits de lumière au-dessus d’elle. Elle avait les bras en croix et la tête levée au ciel comme si elle appelait cette blancheur purificatrice à elle et autour d’elle. Immobile en transe.
Comme possédée, sentant toujours les démons de la jalousie ricaner méchamment dans ma tête, je me glissais à l’intérieur. Avançant lentement sur la longue allée menant à l’autel, je remarquais qu’elle était seule. Complètement seule. Je ne vis l’enfant nulle part. La femme tressaillit légèrement mais ne bougea. Peut-être avait-elle sentit ma présence? Pour l’instant, elle se contentait d’attendre. Quoi qu’il en soit, je poursuivis mon avancée vers elle, précautionneusement comme si ce plancher de marbre avait été constitué de coquille d’œufs.
Quand je fus à quelques mètres d’elle, je la vis se lever rapidement et se retourner vers moi. Elle était belle, un visage d’ange aux courts cheveux aussi blond qu’une moisson d’été. Des yeux bleu clair et pur, une peau lisse et clair, des lèvres aux reflets de fraises et un charisme indéniable. Elle resta plantée là à me regarder sans rien dire, évaluant sans doute si je représentais une menace ou non.
Je me raclais la gorge. «Bonjour.» Commençais-je doucement. «Je suis Gabrielle.» Je me surpris moi-même à utiliser ce prénom que j’avais fait mien. D’ailleurs, maintenant, quand mes petites voix intérieures me parlaient, elles ne s’adressaient plus à moi en tant que ‘Alyss ou Ys’ mais bien en tant que ‘Gabrielle’. C’était aussi troublant que la femme qui se trouvait devant moi. Il me faudrait réfléchir à ça plus tard. Comme elle ne disait rien j’ajoutais. «Je ne te veux aucun mal. Je veux seulement te parler.»
«Je sais.» Répondit-elle en m’adressant un petit sourire. «Je vois la bonté en toi.» Elle m’adressa un autre petit sourire. «Je me nomme Najara. Najara de Damas.»
Je lui souris. «Mes deux amies attendent dehors, elles ne sont pas du genre très patientes, je serais donc brève et directe.» Je m’avançais devant elle. «Où est l’enfant?»
«Disparut.» Elle marqua une pause. «Je ne sais où, ni pourquoi. J’ai bien tenté de m’adresser aux Djinns, mais ils refusent de me parler depuis que je suis ici.»
«Djinns?»
«Oui, ce sont mes guides. Des Djinns c’est tout ce que je sais.»
«Ils te parlent?» Cette femme entendait des voix. Cela faisait peut-être d’elle une Jeanne d’Arc de l’antiquité ou encore une schizophrène des temps modernes. Rien de bien rassurant. Enfin, quelque chose d’autre se dégageait d’elle. Une espèce de sainte aura, un trait auguste qui me touchait droit au cœur, un élixir de pureté auquel il était impossible de ne pas s’abreuver.
«Oui, ils me parlent. Mais pas aujourd’hui alors que j’ai tant besoin d’eux. Je ne sais pas ce qui est arrivée à l’Élue. Elle a disparut, je dormais et j’ai senti ce déplacement d’air et quand j’ai ouvert les yeux elle avait disparut… et pourtant j’avais mit le loquet à l’intérieur sur la porte et ce dernier était toujours en place. Je ne comprends pas. Je ne peux accomplir ma mission sans l’enfant. Enfin… je suppose.»
«Mission?» À cette révélation, j’entendis un petit grincement en provenance de derrière moi. Une des portes de bronze venait à coup sûr de s’entrouvrir.
***
Thalestris était au désespoir. Il y avait deux choses qu’elle souhaitait le plus au monde. La première; retrouver sa fille. La deuxième était l’amour de Xena. La première l’emportait largement sur la deuxième évidemment, mais l’un et l’autre la comblerait. Bien sûr, elle pensait s’être remise de cette peine d’amour, mais c’était faux. Elle l’avait compris du moment où elle s’était retrouvée en présence de la Destructrice des Nations sur ces quais en Égypte. Son cœur ne s’était-il pas remit à battre? Oui, bien sûr et encore plus fort depuis qu’elle avait donné naissance à Alexena. Elle avait cessé de nier cette évidence.
Chaque fois qu’elle posait les yeux sur Xena, elle se souvenait de la chaleur de ses lèvres quand elles se posaient sur elle. Cette flamme qui les avait unit, n’était-elle pas plus brûlante que les ailes d’un Phénix? Et cette passion qui les avait enivré, n’était-elle pas plus ardente que des tisons incandescents? Oh, oui et elle ne s’en souvenait que trop bien. Elle l’avait haï de l’avoir laissé croire, de l’avoir laissé espérer! Oui, Xena l’avait brisée! Et elle l’avait méprisé pour ça, méprisée sa voix, son âme, sa vie! Elle l’avait haï de l’avoir laissé l’aimer. Xena n’avait pensé qu’à son plaisir en premier, bien sûr. Sauf que maintenant, il y avait Alexena, fruit de ces plaisirs égoïste et de cette passion qu’elles avaient partagé. Pendant un temps, elle n’avait plus su comment déployer ses ailes, mais maintenant elle n’y arrivait que trop bien. Plus de haine ni de mépris. Elle ne ressentait plus ce vide en elle. L’amour l’avait comblé de nouveau. Sa fille et Xena. Voilà pourquoi sa vie avait reprit un sens.
Si ce n’était de cette satanée blonde, ‘Gabrielle’, elle aurait sans doute déjà remit le grappin sur Xena, elle en était certaine. Mais elle savait se montrer patiente. Cela crevait les yeux que la petite était aussi différente de Xena qu’un papillon l’était d’un scorpion. Une amourette de passage, cela ne durerait pas. C’était une question de temps… et aussi d’une petite touche personnelle. Elle n’avait pas son pareil pour créer des ouvertures. Ouvertures dans lesquelles elle se glisserait tel un serpent. Elle se mit à fixer la tête de serpent noir sur sa main. N’était-elle pas la Reine du Clan des Sœurs du Serpent? Certes, oui, et elle ne s’était pas hissée sur le trône simplement à l’aide de ses talents de combattante, non, elle était aussi fin stratège, elle avait l’habitude d’obtenir ce qu’elle voulait, peu importe la façon de l’obtenir. Oui, elle allait l’obtenir. En commençant par sa fille. «Mais qu’est-ce qu’elle fabrique?» Dit-elle en trépignant d’impatience.
«Je ne sais pas, mais c’est trop long. J’entre.» Rétorqua Xena.
«Non, ‘nous’ entrons.» Appuya Thalestris fermement en lui jetant un regard foudroyant.
***
Le père Ryan qui venait vaquer à ses occupations du jour, resta caché dans l’ombre procuré par l’embrasure de la porte à la gauche de la sacristie. Une vision divine. Elles étaient si rares. Tranquillement, il se prit à observer les deux femmes tandis qu’elles discutaient. Il releva ses lunettes à double foyer sur le bout de son nez. De son point de vue, avec la lumière qui les auréolait, on aurait dit deux anges échangeant des paroles célestes. À un point tel qu’il se sentit imprégné par l’aura séraphique qui se dégageait d’elles. Un instant il fut même tenté de se signer. De quoi pouvaient bien discuter deux anges. Il tendit l’oreille en augmentant le volume de ses prothèses auditives au maximum, au moins il ne manquerait rien.
«Je lutte pour le bien, Gabrielle.»
Le père Ryan plissa les yeux Gabrielle? Comme l’ange! Enlevant ses lunettes, il les nettoya de façon compulsive contre le tissu de sa soutane noire. Si l’ange Gabrielle, dans sa forme féminine, était descendu directement du ciel vers sa cathédrale, au moins souhaitait-il avoir des verres propres pour que ses yeux puissent ne rien manquer de chaque détail.
«Pour la lumière. Mes voix m’ont investie d’une mission; conduire l’Élue sur le trône des trônes, révéler à l’humanité la naissance du Messie tant attendue. Mais l’Élue a disparut et avec elle, l’espoir et la lumière du monde.»
«Et si Alexena n’était pas ce que tu crois? Si elle n’était pas ce Messie auquel tu prétends? Si tes voix t’avaient trompé? Te tromper pour te conduire là où elles souhaitaient que tu sois, et par la même occasion, qu’elle soit, elle?»
Le Père Ryan plissa les yeux. Ça s’était tordu… Était-elle même près de la vérité? L’était-elle? Cet enfant, oui cet enfant qui avait foulé le seuil de ‘sa’ cathédrale était-elle l’être attendu? Le ‘Messie’ pour le nommer. Mon dieu… Et si elle l’était? Pourtant la femme en bleue, cette Najara lui avait présenté le poupon comme ‘l’Élue’. Il secoua la tête. Il se faisait vieux. Il est certain que le souhait le plus cher d’un ecclésiastique de son ordre était d’assister à la venue du ‘Messie’ avant de quitter cette terre pour le paradis promit. Quoi qu’il en soit, il retourna son attention vers les deux ‘anges’.
«Elle l’est. N’as-tu pas posé les yeux sur elle? N’as-tu pas remarqué la lumière qu’elle porte en elle? N’as-tu…»
Le père Ryan porta les yeux vers l’une des portes de bronze que l’on venait de pousser. Il plissa une fois de plus les yeux. Deux ombres à contre jour s’introduisirent dans sa cathédrale. Dans la pénombre il ne pouvait distinguer leurs traits. Cela l’agaça, il aurait aimé entendre la suite du dialogue entre les deux anges. Cette bribe sur la venue du ‘Messie’ l’intéressait particulièrement. Sur le point de quitter sa cachette, il se signa pour de bon en voyant les deux formes s’avancer vers l’autel.
Sainte Mère de Dieu! On aurait dit deux démons surgit des limbes. L’un écarlate comme le feu incandescent des forges de l’enfer et l’autre d’un noir d’encre, aussi noir que les ténèbres que revête la mort elle-même.
À la vue de la femme en bleue près de l’autel les anges et les démons se mirent en action.
«Seigneur Jésus.» Balbutia encore le père Ryan les yeux exorbités derrière ses lunettes.
Une tache bleue se propulsa dans les airs. Ses pieds décolèrent de terre et elle sembla s’envoler. Le petit ange blond se redressa en mettant les bras en croix. Elle hurlait aux démons des ‘non’ qui furent ignoré.
«Où est ma fille!» Ragea la femme au manteau rouge écarlate. Sa voix tonna en se réverbérant tel un coup de gong dans toute la cathédrale et manqua de faire éclater les tympans du père Ryan qui se dépêcha maladroitement de redescendre le volume de ses appareils.
Une tache couleur sang s’élança à son tour, se servant des bancs comme de tremplins. Le bleu de la paix et le rouge de la haine laissèrent des traînées derrière elles, telles des étoiles filantes, et il entra la tête dans les épaules juste avant l’impact aérien. Elles semblèrent voler, en tourbillonnant dans les airs s’agrippant l’une à l’autre avec des serres invisibles, avant de retomber chacune de leur côté. Chose surprenante elles atterrirent gracieusement comme des chats. Sauf que maintenant l’ange bleu se trouvait à porté de l’autre démon. Le noir. Le père Ryan se tendit sur le point de bondir à son tour pour se porter à son secours. Il se ravisa de justesse en voyant des ailes illusoires faites de cuirs noires s’ouvrir toutes grandes.
Najara évita un puissant coup de pied à la tête en se penchant à la dernière seconde.
Le pied de Xena rencontra le vide et elle sentit son autre pied décoller de terre. La femme en bleu, effectuant un rapide mais précis croche pied, venait de la contrer bellement et elle se retrouva brutalement sur son séant.
Thalestris poussa un rugissement en s’élançant une fois de plus dans les airs à l’aide des bancs.
Najara se remit gracieusement sur ses pieds et sauta d’un banc à l’autre pour se mettre hors de portée.
Cette femme était rapide et forte aussi, se dit Xena son orgueil piqué au vif.
«ARRÊTEZ!» Criait Gabrielle.
Xena se remit vivement sur ses pieds et effectua un saut périlleux relevant de l’exploit. Elle se retrouva aussitôt face à son adversaire.
Le père Ryan rajusta ses lunettes sur son nez. Il secoua la tête en se demandant si il hallucinait.
Très rapidement l’ange bleu projeta un pied dans les airs et heurta la tête du démon noir, avant d’enchaîner d’un vicieux coup de poing qui aurait, à l’avis du père Ryan, pu assommer un bœuf. Le démon secoua la tête sonné. Un petit filet de sang s’échappa d’un des coins de sa bouche et Xena cracha une dent. Une molaire.
Najara en profita pour s’esquiver vers l’autel.
Furieux, le démon noir se propulsa bien au-delà de l’autel. Vers la Sacristie. Plusieurs choses saillaient là qui pourraient faire office d’arme. Elle attrapa l’encensoir qu’elle se mit à faire tournoyer lentement. Elle agrippa aussi l’ostensoir en la maintenant telle une épée de fortune. Ses longs piques impressionnaient et le père Ryan inspira en ouvrant grand les yeux.
Le démon rouge de son côté, avisa un long mât au bout duquel flottait un drapeau aux images pieuses et s’en empara en guise de lance. Le père Ryan passa près défaillir. Comment des objets sacrés pouvaient-ils faire office d’armes? Par la Sainte Mère de Dieu! Ces objets sacerdotaux n’étaient pas destinés à faire le mal! Il voulut encore sortir de l’ombre pour s’interjeter une fois pour toute, mais quelque chose le retint.
Maintenant armés les démons se mirent à venir vers la femme en bleu toujours sur l’autel.
«ARRÊTEZ!» Cria une fois de plus Gabrielle tel un parangon de vertu, elle se dressa devant l’ange bleu pour la protéger.
Les parangons n’étaient-ils pas des anges gardien? N’étaient-ils pas les champions de l’humanité face aux forces du mal? Le prêtre se signa une fois de plus. Oui, un parangon courageux à l’esprit pénétrant, au courage à toute épreuve, une voix charismatique qui s’élevait jusqu’au ciel lorsque l'enfer se déchaînait, tel un phare capable de repousser les forces des ténèbres. Sur sa vie, elle ne laisserait pas les démons porter atteinte à l’ange bleu, le père Ryan en était témoin.
«Pousses-toi Gabrielle!» Grogna Xena en furie.
«Non! Arrêtes Xena! Arrêtes!» S’interposa encore Gabrielle courageusement les bras toujours en croix.
«J’ai dit pousses-toi! Obéis…» Lança Xena sur son ton le plus menaçant, celui que beaucoup devait avoir entendu juste avant de mourir.
«Non! Il te faudra me passer sur le corps! Tu vas devoir me tuer avant de l’atteindre! Allez! Tue-moi! Où est-ce trop pour toi? Dois-je te supplier de ne pas le faire plutôt? Sûrement que cela t’exciterait davantage? Non? Allez plantes-moi ce truc en plein cœur! Allez!» Hurla Gabrielle. «Ouvres les yeux Xena, tu n’es plus rien ici! Pas même l’ombre de toi-même! Alors tue-moi si ça te chante et ose me regarder dans les yeux tandis que je rends l’âme!» Cette dernière ne vit pas le minuscule sourire se dessiner sur les lèvres de Najara. Thalestris ne le manqua pas elle. Ni Xena d’ailleurs.
Les narines du Dragon Grec se dilatèrent et sa respiration se fit rageuse. Des muscles tressaillirent visiblement dans sa mâchoire tandis qu’elle serrait les dents. Pendant une seconde elle eut envie d’obtempérer aux souhaits de Gabrielle, par orgueil et aussi par jalousie. Un coup de pique dans le cœur et ce serait terminé. Fini. À tout jamais. Plus de question, plus de mal être… Mais elle savait qu’elle en était incapable. Incapable. Pourquoi? Était ça l’amour? Si oui, alors l’amour était la pire des faiblesses! Le pire des pièges auquel on se prenait sois même. Sans merci. Son humeur chuta comme un pierre dans un puits sec, comme si cela était encore possible.
«Où est ma fille?» Se contenta-t-elle de demander d’un ton froid à l’intention de la femme en bleue.
«Oui! Où est ‘notre’ fille?» Renchérit Thalestris en jetant un coup d’œil vers la petite blonde qu’affectionnait tant Xena, la gratifiant d’un regard froid ce faisant.
«Je crois qu’elle est avec Arès!» Répondit Gabrielle tout de go. «Il est venu la reprendre.» Elle marqua une pause. «Najara ne lui voulait pas de mal.» Termina-t-elle avec détermination.
«Najara?» Xena fronça les sourcils contrariée avant de jeter un regard noir à Gabrielle. Bien sûr, cette dernière avait raison. Arès était venu chercher ‘sa’ fille. Elle sentait encore les faibles petits picotements dans sa nuque qui l’assurait qu’il devait s’être trouvé ici voilà peu. Elle allait tuer ce maudit Dieu à la noix.
Puis une chose incroyable se produisit. La grande femme aux cheveux d’ébène abaissa ses armes de fortune en même temps que sa garde. La Reine du Clan des Sœurs du Serpent en fit de même en regardant Xena avec cette lueur étrange dans les yeux.
«Gardez vos amis près de vous, mais gardez vos ennemis encore plus près. Elle vient avec nous.» Elle fit un petit signe de tête vers Najara. La colère encore contenue dans sa voix était plus sentit qu’entendu. Elle jeta un autre regard à Gabrielle. Celui-là outrecuidant, méprisant, condescendant. Elle était si furieuse.
Thalestris baissa la tête en guise d’acquiescement. Chose tout aussi rare.
Gabrielle ne se détendit pas tout à fait, elle savait qu’elle paierait chèrement les paroles qu’elle avait prononcé dans son emportement. Elle ne se rappelait que trop bien de la dernière fois où elle s’était laissé emporter et des conséquences qui en avait découlé.
Najara afficha, quant à elle, un petit sourire en coin, elle venait de remporter sa première victoire. Non seulement le Dragon Grec venait de lui céder une part de terrain vers sa nouvelle cible, mais aussi venait-elle de découvrir le point faible de cette dernière. Gabrielle. Elle remarqua aussi que la Lionne du Thémyscire pliait l’échine face au Dragon. Najara baissa la tête simulant l’humilité. «Ça me va.» Cette bataille venait de lui valoir toutes les victoires. Gabrielle pour commencer, évidemment cette femme, elle l’avait deviné à la seconde où elle avait posé son regard sur elle, était son âme sœur. De plus, elle retrouverait éventuellement L’Élue, puisqu’il était certain que le Dragon et le Lion ne relâcherait pas la traque. Avec elles à ses côtés, l’Élue serait de retour dans son giron aussi vite qu’il était possible.
Le père Ryan sortit enfin de l’ombre. «Mes sœurs. Mes… amies…» Commença-t-il d’un ton affolé. «S’il vous plaît.» Il marqua une pause, non pas pour agrémenter sa demande, mais pour reprendre le dessus sur lui-même. «Ici est un lieu sacré. La maison de Dieu n’est pas un endroit propice à la querelle.»
Xena lâcha sur le sol, dans un grand fracas métallique, ostensoir et encensoir. Thalestris en fit de même avec sa lance de fortune qui rebondit sur les dalles de marbres. Najara se contenta de hausser les épaules en gratifiant Gabrielle d’un magnifique sourire auquel cette dernière répondit de la même façon.
Xena plissa les yeux contrariée, courroucée. Gabrielle avait dépassé les bornes. Un outrage seulement punissable de par un autre outrage. Elle arqua un sourcil.
Thalestris sourit face à cette prise de conscience. Une ouverture, sans aucun effort déployé, une aubaine.
Najara posa des yeux avides sur Gabrielle.
Gabrielle quant à elle, regarda le père Ryan avec des airs de suppliciés. «Désolée mon père.» Elle jeta un regard à la ronde sur chacune des femmes.
«Nous partons…» Ordonna Xena à l’intention de Thalestris.
Le père Ryan qui avait éteint ses appareils plissa les yeux. Il porta la main à son oreille gauche et remit un peu de volume puis en fit de même avec l’autre oreille.
«Pardon?» Dit-il.
«Je prends mes affaires en haut et je reviens.» Dit Najara à l’intention de Gabrielle avant de se tourne vers le prêtre. «Merci de votre chaleureux accueil, et de m’avoir si gentiment offert le couvert et le gîte, père Ryan. La lumière vous le rendra. La lumière triomphe toujours.»
Le père Ryan songeur et peut-être aussi encore trop abasourdi pour ajouter quoi que ce soit se contenta de hocher la tête face à ces sages paroles.
«Nous serons dehors.» Dit Gabrielle en regardant Xena et Thalestris qui se dirigeaient déjà vers la sortie d’un même pas en l’ignorant totalement. Elle leur lança un dernier regard tandis qu’elles disparaissaient derrière les portes de bronze. Comment pouvait-elle rivaliser avec ce lien qui les unissait?
Najara qui se dirigeait vers l’escalier commenta à voix basse tandis que Gabrielle s’éloignait pour rejoindre la sortie. «Un amour peut être guéri par un autre amour, comme un poison est souvent chassé par un autre poison.»
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Re: Série L'Enjeu - Partie 2 : Le Gagnant Remporte Tout (X/G)
Chapitre IV
Be Still my Soul
Libera
Écouter: Be still my soul
***
Arès, l’enfant niché au creux de ses bras musculeux, se matérialisa devant l’âtre de la salle voûtée. Vidé de la dernière goutte de son pouvoir. Cela lui prendrait un bon moment avant de refaire, ne serait-ce, qu’une toute petite réserve. Quoique, s’il trouvait le moyen d’avoir plus d’adeptes cela pourrait grandement améliorer les choses pour lui. Plus d’adeptes, plus de pouvoir et une capacité augmentée de se régénérer. Bien sûr il voulait récupérer l’autre moitié de l’émeraude pour rentrer chez lui en Grèce ‘Antique’. Mais il n’y avait pas d’urgence. De plus, elle ne serait pas si facile à reprendre cette émeraude, surtout pas avec Xena dans les parages et lui quasiment impuissant et à moitié mortel. Ici les choses étaient tellement différentes.
Non, sa fille d’abord, l’émeraude ensuite. Il jeta un regard par l’une des deux fenêtres ogivales et remarqua que c’était le soir car il faisait sombre dehors. Attrapant une petite cordelette près du foyer, il tira dessus à deux reprises et s’installa confortablement dans l’un des trois fauteuils de cuir brun pour attendre. Il regarda affectueusement ‘sa’ fille. Elle dormait à poing fermé, il lui caressa le front. Si elle grandissait aussi vite qu’il le pensait, cela pourrait peut-être changer les choses et alors…
Interrompant ses pensées, un petit homme trapu fît son entrée, essoufflée, il vint rapidement se prosterner devant lui avant de baiser sa chevalière.
“Mon maître. Vous êtes de retour.” S’exclama-t-il avec ce fort accent slave. Enlyalios lui avait affirmé qu’il partait pour un long moment voilà à peine vingt-quatre heures de cela. Étrange. Il avisa rapidement et craintivement le petit enfant dans les bras de son maître, mais ne dit rien.
“Ma fille Alexarès.”
“Votre fille, maître?”
“Oui, ne suis-je pas plein de surprises? Tu as bien effectué les ordres que je t’avais laissé?” demanda-t-il en plissant les yeux.
“Oui, maître. J’ai transporté son corps dans la crypte au-delà des donjons. Il y fait très froid. Il y est toujours.” Il avait plissé le nez dédaigneux.
«Bien.» Il réfléchit un moment en regardant Alexarès. Le corps d’Alti s’était matérialisé ici même dans cette pièce, à ses pieds en pleine nuit alors qu’il lisait tranquillement. Sur le coup, il avait bondit en attrapant la large épée qui décorait la cheminée de l’âtre, prêt à la décapiter. Puis il avait attendu un moment, sans que rien ne se produise. Elle ne bougeait pas, ni ne respirait, il s’était alors rendu compte que seul le corps d’une Alti sans vie lui était revenu. Il avait été content de récupérer l’autre moitié de l’émeraude sur la chaînette en or qu’elle portait au cou. Il avait planifié rentré chez-lui pour préparer son futur. Pas question qu’il tombe dans l’oubli, ce moment passé dans le futur lui avait apprit bien des choses. Ici, plus personnes ne croyait en eux, les dieux de l’Olympe, cela équivalait ni plus ni moins à leurs morts à tous. Enfin sauf Hermès apparemment. Il avisa la tête ‘baphométique’, gravé sur la grande porte de bois. Il allait devoir discuter de ça avec ce dernier quand il rentrerait.
Il se racla la gorge et embrassa le petit front de sa fille. «Gregor, je veux que tu lui décore une belle chambre, hein. La rouge, juste à côté de la mienne sera parfaite. Demain tu iras en ville. Achètes des jouets et tout ce dont un bébé a besoin. Quoique, prévois aussi des trucs pour quand elle grandira.»
“Bien, maître. Il en sera fait selon vos désirs.”
***
À dix mille mètres d’altitude, la jeune femme retira les écouteurs de son ipod, se recala dans le fauteuil attenant au hublot et ferma les yeux pour réfléchir. Sa priorité était bien sûr de retrouver son corps physique. Le temps était compté et ça, elle ne l’ignorait pas. Trois jours tout au plus avant que la décomposition ne se mette à détériorer son enveloppe corporel. Elle n’avait donc pas vraiment de temps à perdre.
Bien sûr, il aurait été agréable de toujours ravir les âmes comme elle le faisait présentement, tout en devenant plus forte de fois en fois, mais le temps était son pire ennemi. Son enveloppe physique était tout ce qui la retenait sur cette terre. Ça et sa manière de se déplacer, de corps en corps.
Elle avait porté des noms immémoriaux. Ki-sikil lil-là, Isis, Laïla, Lilith, Lilitû, Lillaka, Ardat Lili, Kali et bien d’autre encore. Le dernier en liste, Alti. Depuis la nuit des temps elle était damnée, condamnée à errer pour l’éternité sur terre, et ça pour s’être rebellée contre le Très Haut et avoir refusée d’obéir. Voilà le châtiment qu’il lui faisait subir.
Elle avait foulé le sol de bien des ères, de vie en vie, elle avait cheminé. Quand une de ses vies s’achevait, elle renaissait dans une autre, avec les connaissances et les souvenirs de la précédente, un éternel recommencement. Une malédiction dont elle avait toujours cherchée à s’affranchir. Naître, vivre, mourir, renaître… Un cycle sans fin. Elle ne savait jamais dans quel plan et dans quelle ère elle allait renaître, c’était peut-être la seule distraction qu’il lui restait. Puis l’Émeraude avait refait surface et dans l’ère où elle s’était trouvée. Une chance inouïe. Elle savait ce qu’était cette pierre puisqu’elle avait assisté à la chute de l’ange. Cette émeraude était la promesse d’un corps immortel et de la fin de sa damnation. Le corps d’abord, la pierre ensuite…
Cette petite blonde. Qui était-elle? Pourquoi les paroles qu’elles lui avaient mises en bouche n’avaient eu aucun effet sur elle? Elle avait quelque chose de différent. Quelque chose l’avait protégé, mais quoi?
Quand la petite blonde avait agrippé son émeraude dans cette cale, elle avait compris que l’émissaire d’Arès venait, cette fois-ci, de remplir sa mission. Oh, cela l’avait vraiment prise au dépourvu, elle ne s’y était pas attendu, elle n’avait même pas flairé l’odeur de son âme. Parce que oui, les âmes avaient des odeurs. Des odeurs de fleurs la plupart du temps. Cette petite blonde n’était pas la première que le Dieu de la Guerre avait envoyée pour la retrouver. Cependant les autres, trois hommes, étaient de fieffés idiots. Et ils puaient tous la violette. Un parfum capiteux qui lui faisait toujours plisser le nez. Non, l’âme de cette fille était inodore ou peut-être sentait-elle le lys. Elle avait souvenir d’avoir détecté une légère odeur de lys, mais cela ne l’avait pas inquiété outre mesure, toutes les âmes de l’antiquité sentaient le lys, le jasmin ou la lavande. Quoique le lys émanait plutôt des dieux et déesses. Il y avait là matière à réflexion. Il était bien vrai que celle-là était différente. Elle portait quelque chose en elle. Quelque chose de puissant. De si puissant que cela l’avait désincarné quand elle avait été projetée dans cette autre ère.
Son corps et son âme avait suivit la même courbe espace-temps, seulement, son âme avait rebondit à ‘l’atterrissage’ mais pas son corps évidemment. Cela avait agit à la manière d’une pierre plate que l’on lance à la surface d’un étendu d’eau, plusieurs bonds de suite, une dizaine environ. Bien sûr le repaire d’Arès avait été la destination première puisqu’il possédait l’autre moitié de l’émeraude et qu’elle agissait en quelque sorte comme une balise. Elle avait eut le temps de voir, Arès, le manoir, la Moldavie, la Russie et encore d’autre pays avant de s’arrêter en Inde. Par instinct de survie, son âme avait plongé dans le premier corps qui s’était trouvé à proximité. C’était cela où être emportée vers le haut, vers cette lumière aveuglante qui conduisait dans l’au-delà pour y attendre une nouvelle enveloppe, la vraie mort donc. De cette manière, les corps qu’elle investissait, lui servaient d’ancre, et empêchait son âme d’être aspirée vers le continent des morts.
Le mince fil d’argent qui la suivait partout s’éloignait en ligne droite à perte de vue. Ce qui lui faisait dire que son corps était bien resté en Moldavie, intact. Si Arès l’avait brûlé ça en aurait été fait d’elle, enfin pour un temps. Mais le fil était toujours là et la guidait vers son enveloppe. Elle le voyait luire tranquillement, invisible sinon pour elle, mais bien réel.
La possibilité qu’Arès soit reparti dans l’antiquité, pour ne plus jamais revenir, avec l’émeraude était bien envisageable. Si tel était le cas, elle devrait s’employer à trouver un autre fragment. Cela ne serait pas aisé déjà qu’obtenir le premier lui avait prit des siècles. Elle frissonna terrifiée à cette perspective. Elle avait été si près du but avant que cette petite garce blonde vienne tout gâcher.
Ses pensées ce tournèrent vers Arès. Ce maudit Dieu de la Guerre n’avait pas aidé non plus. Elle soupira agacée en repensant à toute cette histoire. La malédiction voulait qu’elle ne donne naissance qu’à des morts nés, ce n’était pas faute d’avoir essayé, mais cela faisait partie également de sa damnation. Elle avait donc ourdis un plan qui avait toute les chances de fonctionner. Mais pour le réaliser elle avait eu besoin d’un géniteur. Quoi de mieux que la semence d’un Dieu. L’âme de trois cent combattantes, le sang d’une puissante conquérante, les gênes d’une reine amazone, rehaussée d’une infime parcelle de sa propre âme.
Elle avait su convaincre Arès et ils avaient conclut ce marché. Elle lui créait une descendante qui règnerait et ferait le lui le Dieu le plus puissant de l’Olympe. Bien sûr elle n’avait pas l’intention de respecter sa part, c’était un leurre. Quand Arès était revenu pour lui faire savoir que sa part de marché était respectée, elle avait utilisé son émeraude pour l’envoyé dans un autre plan. Ce qu’elle n’avait pas prévu cependant, s’était qu’il serait si coriace, c’était un dieu après tout et il s’était bien défendu. Quand enfin elle l’avait terrassé, il avait posé la main sur l’émeraude, cette dernière s’était fractionné en deux part avant qu’il ne disparaisse pour de bon avec l’une des deux moitiés. Un imprévu déplorable pour elle, une chance de cocu pour lui. Apparemment il avait compris comment s’en servir, elle soupira, il n’était pas si dépourvu d’intelligence finalement, elle l’avait sous-estimé. Cela ne se reproduirait pas.
Elle eut une pensée pour son œuvre. Xena. Elle avait fait d’elle son instrument de conquête, un instrument fort efficace, et elle dans l’ombre jouait de cet instrument aussi bien qu’un charmeur de serpent, et cela sans une seule fausse note. Cependant, Xena n’était pas dupe et viendrait un moment où son ‘serpent’ se retournerait contre elle, elle ne le savait que trop bien. C’est pourquoi ce marché si fortuit lui avait semblé une excellente porte de sortie. Un autre instrument, beaucoup plus puissant pour assurer ses arrières. Si Xena devenait incontrôlable, elle l’éliminerait et prendrait tout simplement son engeance pour la remplacer.
***
La route me sembla interminable et je mis en marche le lecteur CD pour détendre l’atmosphère. Xena avait choisi de s’asseoir à l’arrière en compagnie de Thalestris. Comme si je ne voyais pas clairement dans son jeu. Elle n’avait pas desserré les lèvres, et n’avait cesse de fixer la nuque de Najara. La musique se mit à faire vibrer les hauts parleurs. J’attrapai la pochette rigide du CD qui traînait pour plisser les yeux ‘Angel Voices’ (Libera). Une chorale de voix angéliques un ‘Be Still My Soul’ s’éleva dans l’habitacle notre luxueuse voiture. Najara ferma les yeux en souriant de béatitude face à tant de beauté, Xena haussa les sourcils et se mordit un peu l’intérieur de la joue, tandis que Thalestris roulait les yeux en soupirant. Quant à moi, je grimpai le son d’un bon cran.
Peu importe je savais que j’allais devoir affronter la tempête ‘Xena’ à un moment ou à un autre, aussi bien ne pas me morfondre en l’attendant. Quand nous arrivâmes devant chez moi, je crois bien que l’exaspération de mes deux passagères sur le siège arrière était à son comble. Et quand je coupais le contact elles lancèrent des soupirs de soulagement.
Najara ouvrit les yeux. «Merci pour la ballade, c’était divin.»
«Mais je t’en prie.»
Les portes arrière claquèrent à l’unisson et moi et Najara sortîmes à notre tour.
«Sois la bienvenue chez-moi,» dis-je à l’intention de Najara en ouvrant la porte pour la laisser passer.»
Éphiny et Eponin firent leur apparition interloquées en fronçant toutes deux les sourcils mais ne dirent rien.
«Alexena est avec Arès.» Gronda Thalestris.
«Éphiny, Eponin, je vous présente Najara.» Dis-je joyeusement et surtout comme si de rien n’était.
Xena ne dit pas un mot mais je la vis se mordre une fois de plus l’intérieur de la joue. Je savais qu’elle faisait d’extrêmes efforts pour se contrôler. Sa colère était encore palpable.
«Au salon, s’il vous plaît.» Dis-je en poussant tout le monde dans cette direction. «On va parler, je crois que c’est une nécessité.»
***
Clio regarda une fois de plus la plus jolie fille qu’elle n’ais jamais vu. La sœur de Gabrielle était sublime. Timide et amusante, ses yeux bleus semblaient aussi purs que l’eau des rivières au dégel et ses longs cheveux bruns flottaient sur ses frêles épaules lui donnant cet air fragile qui faisait chavirer son cœur.
Thalestris lui avait dit que lorsqu’elle rencontrerait son âme sœur elle le saurait, eh bien c’était chose faite. Son cœur vibrait et battait pour cette jeune femme, cette fois elle avait sentit la différence. Cela lui faisait presque mal à force!
Les bras chargés de paquets, les trois femmes poussèrent la porte.
«Allez les filles!!! On a besoin d’aide ici!» S’écria Hecuba.
Un brouhaha en provenance du salon se fit entendre et toutes vinrent pour mettre la main à la pâte.
Clio passa près de lâcher ses paquets pour attraper les dagues qu’elle cachait dans le revers de la veste que Lila lui avait si gentiment prêtée, quand la femme en bleue étira le bras pour attraper quelques paquets.
«Laisses-moi t’aider.»
«Voici Najara.» Intervint Gabrielle devant la mine renfrognée de Clio.
«Bonjour Najara.» Répondit Lila en la gratifiant d’un superbe sourire.
Clio grogna sans vraiment la saluer. Une pointe de jalousie dans le regard, elle s’empressa de monter les quelques marches. Elle avisa les yeux froids de Xena. Deux perles de glace posées sur cette Najara. Clio renifla et aperçu le regard de Thalestris qui était posé sur elle.
«Alors, la Tigresse… Tu t’es bien amusée?» Demanda-t-elle un peu sèchement.
Clio battit des paupières en déglutissant sans rien répondre et se dépêcha d’aller porter les paquets au salon.
***
Une montagne de sacs, de boites, de cartons maintenant vides, jonchaient le plancher du salon. La distribution avait été faite et toutes mes amies, Najara incluse, avait maintenant une nouvelle et parfaite garde-robe. Ma mère avait dépensé pas moins de sept mille dollars, sur ma carte de crédit, et moi j’en étais à mon troisième verre de vin. Aussi bien me saouler avant de faire banqueroute!
Thalestris portait une superbe robe moulante aux imprimées sauvages de feuilles et de fruits exotiques. J’avalais une longue gorgée de vin comme pour faire passer une couleuvre, en reluquant avec mauvaise humeur le sourire de Xena qui semblait apprécier. Il est vrai que Thalestris était ravissante dans cette robe, mais je n’étais pas forcée d’apprécier que Xena apprécie!
Dehors, la neige tombait dru. Ma mère disait qu’il allait y avoir une méga tempête. Elle avait acheté des vivres, sushis, canapés, biscottes, fromages, enfin de tout, pour tous les goûts et bien sûr elle avait dévalisé mon cellier à la cave. Hecuba avait le sens de la fête, ce qui n’était pas sans plaire à mes ‘amies’ amazones, ni non plus à Xena et Najara, qui se faisait de verre en verre, un peu plus amies. Quoique, je pouvais quand même me rendre compte que c’était par pur politesse et cela de part et d’autre. Par contre, ma sœur semblait bien l’aimé puisqu’elles avaient passé un bon moment à discuter ensemble au grand damne de Clio me semblait-il. Cette dernière regardait Najara qui portait maintenant une paire de jeans avec un pull de laine bleu pâle qui faisait ressortir ses yeux avec des envies de meurtres.
La discussion que nous avions eu avait eu l’après-midi même, semblait avoir un peu calmé tout le monde. Nous allions attendre qu’Arès nous contacte comme il avait dit qu’il le ferait. Je leur avais dit qu’il était impossible de se lancer à ses trousses. Que la Moldavie était à l’autre bout du monde et que sans passeport il nous serait impossible de faire quoi que soit. Najara s’était expliquée et leur avait mentionné qu’elle n’avait jamais voulu de mal à Alexena. Au contraire. Enfin, elle avait su faire comprendre ses motivations. Quoi que quelque chose me disait qu’elle n’avait pas tout dit. Xena lui avait bien fait comprendre qu’elle l’aurait à l’œil. J’avais été leur professeur durant toute cet après-midi en leur expliquant comment les choses étaient dans ce futur. Elles s’étaient étonnées d’une multitude de choses, bref, elles commençaient à comprendre où elles avaient échouées.
La musique emplissait la pièce et ma mère jouait à l’hôtesse avec pour mission de ne jamais laisser un verre se vider à moins de la moitié de sa capacité. Elle riait et plaisantait en s’amusant comme une adolescente totalement gaillarde.
Quand Xena s’excusa pour s’éclipser à la salle de bain, Thalestris vint vers moi.
«Tu sais,» elle planta ses deux prunelles bleu nuit dans les miennes. «Xena ne fait jamais rien pour rien.» Me dit-elle en prenant une gorgée de vin sans me lâcher des yeux.
Qu’est-ce qu’elle voulait insinuer par là? Comme je ne répondais pas, elle poursuivit. «Pourquoi crois-tu qu’elle ce soit dépêchée de te marquer au fer rouge pour imprimer sa marque d’exclusivité?»
«Exclusivité?» Dis-je doucement en ne comprenant pas vraiment.
«Oui, cette marque fait de toi ‘sa chose’ exclusive. Pas comme les autres esclaves qu’elle marque de son sceau. Non, toi tu es son esclave attitrée. Si par exemple si tu avais décidé de t’enfuir, le premier mécréant à apercevoir cette marque t’aurait ramené à elle pour ton poids en or. Tout le monde sait ça, enfin presque.»
«Ah… Bien ici, personne ne connaît même son nom alors…» Dis-je en souriant un peu face à l’ironie de la chose. Elle poursuivit tout de même.
«C’est pareil à son cheval… Personne n’a le droit de le monter sinon elle…» Elle me fit un petit clin d’œil. «…et si il advenait qu’il se ‘perde’ alors c’est son poids en or pour son retour. Par contre, si elle meurt, le cheval meurt… J’imagine que c’est pareil pour toi, avec cette marque… Oui, bon… enfin maintenant tu sais. Mais ce n’est pas le pire.»
«Le pire?» Dis-je agacée en avalant une autre gorgée.
«Oui, tu sais pourquoi elle s’est aussi empressée de t’épouser, j’imagine?» Thalestris me sourit de façon torve.
«Par amour, peut-être?» Dis-je sarcastiquement.
Thalestris partit d’un grand rire. «Ta naïveté a quelque chose de rafraîchissant,» elle me regarda intensément, «je te l’ai dis, Xena ne fait jamais rien pour rien. En t’épousant, elle s’est appropriée tout tes biens.» Thalestris fit un geste de la main pour désigner les amazones qui discutaient sur le divan. «Le clan des Sœurs de la Nuit par exemple.»
J’avalais un peu de travers car cette idée ne m’était jamais venue à l’esprit. «Oui, mais c’est moi leur Reine.»
«Justement.»
«Tu veux dire qu’elle…» Je serrais les dents.
«Qu’elle a enfin trouvé le moyen qu’elle cherchait pour se garantir la main mise sur le cinquième clan qui lui manquait, oui. Cinq clans signifient qu’elle prend le contrôle de tous les clans. Même du mien. Par ce fait, je dois me soumettre à son autorité… Tu vois, ça faisait un moment qu’elle tentait de trouver une façon… Avec toi, ça a été une aubaine… Bah…»
Abasourdi je restais sans mots et elle continua à enfoncer le clou.
«Tu as remarqué son tatouage?»
«Quel tatouage?» Balbutiais-je comme dans un rêve horrible.
«Tu veux dire que tu ne l’as pas vu?» Elle rit.
«Sur sa nuque. Au même endroit que le tien. D’ailleurs tes amazones devraient t’ajouter tes étoiles… Jettes un œil à sa nuque et demandes-lui de t’expliquer, tu comprendras.» Elle s’éloigna me laissant chancelante au bord cet abîme qu’elle avait créé pour moi.
Je me précipitais dans le couloir vers la salle de bain, sans attendre j’ouvris la porte en grand. Xena était debout devant moi un peu surprise.
«Gabrielle?»
Sans doute devais-je afficher un air courroucé. Quoi qu’il en soit, je la repoussai et refermai la porte dans un claquement.
«Pourquoi m’as-tu épousé?»
Elle fronça les sourcils mais ne répondit pas.
«Réponds Xena. Pourquoi?»
«Tu sais pourquoi.» Grogna-t-elle.
«Non, enfin si, mais non je ne sais pas… dis-le!»
J’attendis mais elle ne répondit rien. Puis elle me repoussa sur le côté sans que je ne puisse rien faire d’autre et elle ouvrit.
«Xena! Restes ici!»
Elle stoppa net sur le seuil de la porte mais ne se retourna pas.
«Je veux voir ta nuque.»
Les traits de son visage se durcirent et ses yeux se plantèrent dans les miens. Une dangereuse flamme s’alluma dans les méandres de ses prunelles. Un instant je crus que ses yeux allaient m’incinérer sur place. Puis elle se retourna et releva sa chevelure. Et juste là, tout comme Thalestris l’avait dit, un tatouage ornait sa nuque. Un petit dragon noir ornée de non pas trois étoiles mais cinq!!!
«Cinq étoiles…» Laissais-je échapper.
Sans se retourner elle laissa retomber sa chevelure et j’entendis sa voix basse et hargneuse. «Alti… Alti m’a mise sur le trône des quatre clans du nord… Oh… on leur a un peu forcé la main, mais avaient-elles le choix?» Elle ricana sinistrement tandis que des frissons me parcouraient l’échine. «Toi… Et bien toi, tu m’as fait… comment dire… ‘don’ du cinquième… celui des Sœurs de la Nuit… par les liens du mariage tu me les a cédées… cinq clans pour les dominer toutes… Reine des reines amazones… Les amazones m’ont toujours causé du souci… Maintenant elles n’ont d’autre choix que de se soumettre à ma gouverne. Enfin… quand nous retournerons en Grèce…»
Je restais là trop estomaquée pour dire quelque chose. C’était si choquant. Elle ouvrit la porte et je l’attrapais par la manche pour la retenir un instant ne sachant pas trop quoi dire. J’avais envie de lui crier après et la colère ainsi que la déception me fit monter les larmes aux yeux. Elle m’avait utilisé voilà tout. La vérité venait d’éclater au grand jour.
Rapidement j’enlevais mon alliance et la lui lançait. Elle l’attrapa au vol avec son habituel dextérité et la glissa dans la poche de son jean, ce qui me mit encore plus en colère, et pour rajouter à l’affront elle me lança un sourire contrit et ses yeux s’adoucirent. «Je…» Elle hésita et se racla la gorge. «Pour ce que ça vaut… Je… t’aime…» Me lança-t-elle avant de disparaître dans le couloir en me plantant là.
«Merde…» Tonnais-je en me passant une main dans les cheveux. Elle avait dit les mots proscrits… Elle l’avait dit bon sang! Ce ‘je t’aime’ ce n’est pas comme ça que j’aurais aimé l’entendre, mais elle l’avait dis. «Eh merde!»
Alyss- Messages : 246
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